VIS MA VIE EN AUBERGE DE JEUNESSE
retour d’expérience
L’auberge de jeunesse, un truc de jeune ? Un truc de pauvre ? Accueillant ou flippant ? Convivial ou solitaire ? Après environ 100 séjours dans des auberges différentes, c’est l’heure de faire un petit bilan objectif.
Temps de lecture estimé : 8 minutes.
En 10 ans de voyage, je ne dois pas être loin d’avoir séjourné dans 100 auberges de jeunesse différentes. Sur les 6 derniers mois seulement, je suis passé par 25 établissements différents. Je considère que c’est une expérience suffisamment large pour faire un retour d’expérience objectif à destination de ceux qui hésiteraient à se lancer.
Une auberge, c’est quoi en fait ?
On les appelle « auberge de jeunesse », « hostel », « inn » ou « backpacker » en référence à leur population, elles font le bonheur des voyageurs plus ou moins jeunes. Les auberges sont généralement la solution la plus simple et économique pour se loger en voyage. On en trouve dans toutes les destinations touristiques.
Le Larousse nous apprend que les auberges de jeunesses sont à l’initiative d’un instituteur allemand, Richard Schirmann en 1909. Elles ont une vocation sociale. L’essor a été rapide dans les années 1930.
De nos jours, on en trouve dans tous les pays du monde ou presque. C’est un excellent moyen de rencontrer du monde. Voilà pour le point culture.
La réservation
Comme évoqué dans mon article sur la préparation de voyage, j’aime réserver mes séjours avant d’arriver sur place. Il existe différents sites internets et applications. Les plus connus sont Booking, Hostelworld ou encore Agoda en Asie.
Il est ultra simple de réserver une auberge. Pour trouver la perle rare, on peut filtrer par un certain nombre de critères comme la distance du centre-ville, le prix, la note client, les équipements, etc.
Conseil de pro :
Pour optimiser ses chances de passer un bon séjour, il vaut mieux éviter les établissements avec une note inférieure à 8 voire même 8,5 sur Booking. Aussi, je recommande vivement de jeter un oeil aux 10 derniers commentaires pour se faire une idée.
Les différents concepts
Si l’idée de base est de proposer un hébergement partagé et abordable économiquement, le concept se décline dans différentes gammes et différents concepts :
- les établissements calmes et reposants,
- les auberges orientées vers le lien social avec des pièces communes agréables,
- les party hostels pour les fétards avec des bars énormes et des soirées à thèmes,
- les auberges familiales chaleureuses,
- les concepts moins communs comme les hamacs ou les lits en capsule,
- etc.
Il y en a vraiment de toutes les tailles, pour tous les goûts et tous les budgets.
La découverte
Ma première expérience de l’auberge remonte à l’été 2014 lors de notre séjour en Angleterre avec Rémi. C’était à la Smart Hyde Park Inn dans le centre de Londres. Pour la modique somme de 12£ par nuit, nous dormions dans un dortoir de 12 personnes. En entrant dans le dortoir, la première impression fut plus que négative : des lits sur 3 étages de chaque côté de la pièce et un couloir méga étroit au milieu. Pas très accueillant de prime abord.
C’est dans cet auberge que je découvre le concept du « check-in » et du « check-out » avec les cartes magnétiques pour ouvrir les portes. Je trouve ça assez cool. C’est dans cette auberge que je découvre les cafards, les gens surprenants, les gens inspirants aussi.
Anecdote
En parlant de gens surprenants, il y avait par exemple cet homme d’origine indienne d’une quarantaine d’années qui s’enfilaient 2 canettes de Coca-Cola cul sec tous les soirs avant de s’endormir. Il faisait un rot entre les deux, je vous rassure.
Durant ce séjour, Rémi et moi avions fait la rencontre d’un américain de 33 ans, ancien militaire, qui était dans un tour du monde. Il avait un budget conséquent, des rêves pleins la tête et je pense qu’il fait parti de ceux qui ont planté la graine du tour du monde dans mon esprit.
D’ailleurs, comme un symbole, je suis retourné passer une nuit dans cette même auberge en 2022 en arrivant à Londres. Moment nostalgie.
Le lien social
La population dans les auberges est majoritairement jeune. Je dirais qu’elle va 18 à 35 ans mais il n’est pas rare de voir une personne de 50 ans et plus.
Comme nous sommes en général tous de passage et en voyage, les connexions se font plus vite et les liens plus forts. On se fait parfois de vrais amis en quelques jours. Pour les plus marquants, je peux mentionner Mathilde à Londres, Matus à Gdansk, Kathrin à Novossibirsk ou Niklas à Krabi pour ne citer qu’eux. J’ai honnêtement rencontré des gens fabuleux dans la plupart des villes où je suis allé. Cette liste pourrait être longue de 100 noms de personnes géniales que j’ai croisées en auberge.
Encore une fois, la qualité du séjour et les souvenirs dépendent des gens qu’on rencontre. C’est pour cela qu’il faut avoir une attitude ouverte et ne pas hésiter à parler à tout le monde. Certains sont très forts pour ça. En revanche, on peut se sentir un peu seul si on ne fait pas l’effort d’entrer en contact.
La communication
Mon premier gros moment de solitude s’est produit à Stockholm où j’étais allé 5 jours en 2017. L’hostel avait des allures d’usine à gaz avec des centaines de lits mais pas vraiment d’espace de vie commune. Ainsi, il était plus dur d’entrer en contact et à cette époque je n’osais pas toujours aller vers les autres. Je m’étais fait la réflexion que ma situation était paradoxale. En effet, j’étais dans la plus grande ville de Suède mais je ne m’étais jamais senti si seul. C’est perturbant de se sentir seul quand on est entouré d’énormément de monde. Au final, j’ai le sentiment que plus la ville est grande, plus il est difficile de connecter avec des gens.
En arrivant à Bangkok en février 2022, je refais un test. Que se passe-t-il si je n’engage la conversation avec personne, volontairement ? Encore une fois, je suis dans une auberge sans vraie salle de vie commune. Je reste discret, je dis bonjour mais rien de plus. Au final, je passe 5 jours seul. Après ce test, je comprends qu’il faut que j’y mette du mien. Je me fais la promesse de ne plus rester muet et de systématiquement engager la conversation à l’avenir.
La plupart des voyageurs en auberge sont venus seuls ou en binôme. Généralement, les couples vont à l’hôtel ou en « home stay » et les gros groupes d’amis vont en Airbnb. Cela signifie que tout le monde est disponible pour discuter même si on fait tous semblant d’être occupé sur notre téléphone portable. La meilleure chose à faire reste d’enclencher la discussion.
L’économie à tout prix
L’avantage principal des auberges est qu’il s’agit dans 99% des cas de la solution la plus économique pour se loger dans une ville. Les prix vont de 3 à 30€ la nuit dans les endroits les plus chers où je suis allé. À Auckland actuellement, la nuit me coûte environ 22€.
L’inconvénient quand ce n’est pas cher, c’est qu’on peut devenir un peu radin et oublier de prendre du recul. En comparant en permanence les prix entre eux, on va trouver une nuit à 12€ chère par rapport aux 10€ de la ville précédente.
Anecdote
En essayant de dépenser le moins d’argent possible, je me suis vu dormir dans un dortoir de party hostel miteux à 8€ la nuit au lieu de louer une chambre avec salle de bain seul à 14€. Dans un quotidien normal, je n’aurais pas hésité une seule seconde à privilégier mon confort.
Lors de mon séjour au Cambodge, conscient que mes dépenses allaient être élevées en Indonésie la semaine suivante, j’ai changé de dortoir pour 2 nuits afin d’économiser… 4€.
À trop vouloir obtenir le meilleur prix dans les auberges, on oublie parfois de prendre du recul sur les priorités.
Les types de voyageur en hostel
Les dortoirs, les salles de bain communes et la cuisine partagée, c’est ce qui rend le tarif abordable mais la vie en communauté, c’est tout un concept. Depuis cette première expérience à Londres, je pense avoir tout vu. Du dortoir de 4 personnes ultra-bruyant au dortoir de 20 personnes tout calme, tout est possible.
Les gens dans les hostels sont plus ou moins respectueux. Dans 90% des cas, les autres voyageurs sont sympathiques, avenants le jour et discrets le soir. Les 10% qui restent peuvent rendre le séjour insupportable. C’est le moment de dresser le portrait des différents voyageurs.
Le discret
Le discret évite tout contact avec ses congénères. Il ne dit ni bonjour, ni au revoir. Le rideau de son lit reste fermé à toutes les heures du jour et de la nuit, cela lui permet de brouiller les pistes : présent ou absent ? Dieu seul le sait.
Il n’est pas aisé de connecter avec le discret mais il a l’avantage de ne pas être envahissant et dérangeant.
L’étourdi
L’étourdi n’est pas organisé et il le sait. Pour être sûr de rien oublier, il utilise les alarmes de son téléphone mobile comme rappel. Le matin, l’étourdi se prépare toujours au dernier moment et il oublie généralement son téléphone quand il part prendre sa douche. Quand l’alarme retenti, l’étourdi est déjà sous la douche.
Ainsi, il n’est pas présent pour l’arrêter. Une fois que tout le dortoir est réveillé et que je suis excédé 7 minutes plus tard, je me lève pour éteindre moi-même l’alarme. En revenant de sa douche, l’étourdi n’a même pas remarqué qu’il avait cassé les oreilles à 7 innocents. On ne croise pas des étourdis dans tous les dortoirs mais on en croise suffisamment pour s’en souvenir.
L’égoïste
L’égoïste est une espèce rare mais malheureusement toujours pas en voie de disparition. ll a pour particularité d’allumer la lumière à 3h du matin et de sauter de son lit superposé pour aller aux toilettes en pleine nuit.
Il a beaucoup de bagages mais il n’aime pas vraiment le rangement. Son truc à lui, c’est de ne pas utiliser les coffres et casiers. Il aime avoir accès à ses affaires très rapidement c’est pourquoi il les étale au pied de son (ton) lit. L’égoïste ne tire pas la chasse d’eau. Il s’en tamponne le coquillard avec une babouche. Parmis les gens relous, on retrouve :
- les fêtards qui ne tiennent pas l’alcool,
- ceux qui font l’amour dans le lit superposé du haut,
- ceux qui ne font pas la vaisselle,
- ceux qui ne nettoient pas les toilettes
- ceux qui accrochent leur vêtements à mon lit.
L’ultra-social
L’ultra social est l’ami de tous. Il connait les prénoms de toute la communauté et te propose volontiers d’aller boire une bière en fin d’après-midi. Il connait les meilleurs happy hours de la ville. L’ultra-social est naturel et sait te mettre à l’aise. Généralement il commence par se présenter pour briser la glace : « Hey, I’m Niklas from Texas, and you are ? »
C’est sur lui que tu veux tomber quand tu rentres dans ton dortoir. Heureusement, cette espèce est très répandue dans les hostels et tu as de grande chance de tomber sur l’un d’entre eux. D’ailleurs, c’est comme ça que tu veux devenir dans ce genre d’environnement social.
Bilan
Alors que je suis retourné à Auckland pour travailler 3 voire 4 mois, je me suis posé la question. Pourquoi ne pas habiter dans une auberge économique et bien placée au lieu de vivre dans une collocation avec un contrat, une caution et des inconnus dans tous les cas ?
Ainsi, je suis dans un hostel depuis maintenant 4 semaines consécutives. Je ne cherche pas spécialement à partir. Si l’occasion se présente, je considérerais l’idée. D’ailleurs, 90% des habitants de ce lieu sont également sur une location longue durée.
J’ai vécu tant de choses dans les auberges que je pourrais écrire un livre complet d’anecdotes. Je vais me contenter d’un article pour cette fois. Le mot de la fin si vous hésitez encore à séjourner en auberge : foncez.
Si tu as des questions ou des remarques, n’hésite pas à laisser un commentaire !
Coucou Nono,
Super article, j’espère que ton voyage se déroule bien et que tu prépares bien ton marathon.
Juste un petit message pour te dire que les photos ne sont pas encore toutes visibles sur cet article et le précèdent !
Bonne journée 🙂
Enfin lu ! Je valide fort 💪🏼 assez d’accord sur tout ce que t’as dis, j’ai dû faire face à un « égoïste » mais le tiens est exceptionnel 😂🥇