THE VANGUARD WAY
de Londres à Seven Sisters à pied !
J’ai grandi à la campagne, au milieu des vaches, des champs de betteraves à sucre, loin du vacarme de la ville. Vivant à Londres depuis maintenant un an, toutes ces choses simples me manquaient terriblement. The Vanguard Way me donnait l’opportunité d’associer défi sportif et grand bol d’air frais.
Temps de lecture estimé : 6 minutes
J’avais dans l’optique de réaliser le GR20 en Corse 2 mois plus tard mais très peu d’expérience en matière de randonnée. Je me suis dit qu’il fallait que je trouve une randonnée à proximité de Londres pour pouvoir m’évader, m’entraîner à randonner et tester du matériel. C’est comme ça que j’ai découvert l’existence de cette trace
Point culture
The Vanguard Way est une randonnée qui débute au sud de Londres pour rejoindre Seven Sisters sur la côte. D’une distance de 66miles/107km pour 2000m de dénivelé positif à travers la campagne anglaise jusqu’à la Manche, le parcours permet de traverser tour à tour des prairies, des champs, des forêts ainsi que de nombreux petits villages très mignons.
Cet itinéraire a été mis en place en 1981 par le Vanguards Rambling Club, qui tire son nom du fait qu’il a été établi dans le fourgon de garde d’un train d’excursion de randonneurs. Il s’étend sur 107 km depuis Croydon à travers de beaux paysages dans des zones d’une beauté naturelle exceptionnelle.
L’itinéraire est divisé en dix sections d’environ 4 à 8 miles et est bien desservi par les transports en commun. Des liaisons existent jusqu’aux gares d’Oxted, Edenbridge, East Grinstead, Buxted, Berwick et Seaford, tandis que les bus desservent d’autres points.
Planification
Réalistiquement, je me suis dit qu’il faudrait compter 3 jours de marche. Sportivement, j’aimais le défi de réaliser le trajet en seulement un week-end avec du matériel minimaliste et en mode trail, en effectuant le retour en train.
Le matériel
Je me suis donc équipé du plus grand sac de trail de chez Décathlon (taille XS/S et non M/L sinon ça bouge trop sur le dos. J’ai acheté les 2…). Je possédais déjà un matelas et un sac de couchage compact hors il me fallait un moyen de dormir dehors. La température extérieure en Angleterre peut être un peu fraîche, même l’été. J’ai donc décidé de tester le sur-sac de couchage : une toile de tente mais en forme de sac de couchage pour éviter d’être trempé avec la rosée du matin.
En ce qui concerne les chaussures, j’ai opté pour une paire de baskets de trail plutôt que des chaussures de rando/marche. Étant adepte de la marque Nike, j’ai choisi les jolies Terra Kiger en soldes.
Côté ravitaillement, j’ai opté pour la solution légère de ne partir qu’avec des barres de céréales et 2 flasques de 500ml chacune avec l’idée d’acheter de la nourriture dans les villages et de remplir mes gourdes par la même occasion.
Pour me rassurer sur la faisabilité, j’ai lu quelques récits et surtout marqué une vingtaine de points d’intérêts sur Google Maps pour ne pas me perdre et j’ai téléchargé des cartes PDF précises du tracé réel sur : http://www.users.greenbee.net/~bellwoodab/download.htm
Une fois le matériel sélectionné et les cartes téléchargées, j’étais prêt à tester mes jambes !
Réalisation
J’avais en tête de couvrir 65km le premier jour en courant le plus longtemps possible et de garder 42km (un marathon, comme par hasard!) pour le 2ème jour, histoire de ne pas finir trop tard et d’avoir le temps de prendre le train pour Londres à la gare de Newhaven. Ça semble beaucoup, mais en considérant 10h de marche à 5 km/h on peut facilement faire 50km sans même avoir à courir. Si on se dit qu’on peut courir 3-4h de suite à 10km/h avec une bonne forme, ça va beaucoup plus vite. C’est fatiguant, mais c’est faisable.
Jour 1
Une fois le sac bouclé, départ à 10h de l’appart direction Croydon. Le point de départ « officiel » est un peu difficile à trouver. Le balisage n’est pas très présent en ville mais grâce aux cartes et au GPS, on trouve. J’applique le « plan de course » : courir doucement mais longtemps, sauf dans les côtes.
Les 20 premiers km se font sur du bitume et il me faut 4h pour parcourir les 30 premiers km. J’ai passé les 4 derniers km à chercher le bon chemin. Il est 15h, je commence à penser que « rien de sert de courir » comme dirait la Fable. Il serait temps de trouver une fontaine aussi, ou un magasin. Trouvé, super ! Sandwich triangle, pain au chocolat x2, 1L d’eau et 2L d’ice tea, je suis conquis.
Je marche jusqu’au kilomètre 40 pour digérer tranquillement. Il est maintenant 17h, il me reste 25km à faire aujourd’hui, je me décide à recourir un peu. Dans mon élan de motivation, je loupe un petit virage à gauche et je me retrouve dans une pâture. Encore 2km dans la vue, à chercher un chemin inexistant autour de la pâture. Le combo GPS et carte sauve des vies dans ces moments là.
Bivouac
Vers 19h, j’atteins la barre des 60km. Le soleil va gentiment commencer à se coucher. C’est le moment pour moi de trouver un endroit où dormir. J’aimerais un endroit proche du chemin, plat et dégager. Accessoirement, j’aimerais manger et je ne cracherais pas sur une petite bière amplement méritée. A croire que le Dieu de la rando a entendu mes prières, car j’arrive directement sur une « Inn » : un restaurant avec des tables de camping en extérieur et une pelouse tondue parfaitement. Je « call it a day » et stoppe la montre à 64km.
Je suis quand même rincé et cette pinte me fait le plus grand bien psychologique. Il est maintenant 21h, je demande s’il est possible de manger mais évidemment la cuisine est fermée ! Il fallait s’en douter, j’ai surestimé les horaires de pub dans les villages de la campagne anglaise. Tant pis pour moi, les barres Grany feront l’affaire. J’en profite pour demander l’autorisation de bivouaquer dans l’herbe : sans soucis! Cheers.
Jour 2
Après une courte nuit légèrement en pente dans mon sur-sac, je me décide à plier bagage à 6h du matin, aux premières lueurs du jour. Avec mes légers détours d’hier, il doit me rester 50km à faire.
Les couleurs matinales sont exceptionnelles et j’ai envie de m’arrêter toutes les 2 minutes pour faire des photos. On dirait que les animaux également viennent également de se réveiller. Dans la première demi-heure je vois un renard, un lièvre et une biche. Je suis vraiment ravi d’avoir choisi cette rando. Depuis le début, le chemin alterne entre route, champs, bois, pâtures et chemin agricoles. Je suis fasciné par le fait de suivre la trace tout droit à certains moment. Ça me permet par exemple de traverser des champs de maïs en diagonale pour arriver sur une petite route départementale.
Plus lent que le jour précédent et après m’être encore perdu dans une pâture non-balisée, il me faut environ 3h pour atteindre les 20km, il est 9h. Si mes calculs sont bons, il me reste 4h30 pour finir les 30 derniers km. Ça me fait arriver avant 14h ! Si je me bouge les fesses, je peux même passer l’après-midi à flâner dans Brighton où je ne suis jamais allé. Mon train de retour y passe.
Il fait très chaud ce matin, je m’arrête dans tous les pubs et magasin que je passe pour remplir mes gourdes et acheter des boissons sucrées. A 11h, j’en suis déjà à 2L d’eau et 3L de Coca-Cola.
Seven Sisters
Je continue mon chemin en marchant d’un bon pas. J’aperçois enfin la mer au bout de 7h de marche et 45km. Je commence à être très sec et ce paysage merveilleux me fait le plus grand bien. Dans mon esprit, c’est comme ci j’arrivais au bout de mon défi ! J’arrive face à un bras de mer, la plupart des gens, et ils sont nombreux, empruntent le chemin à gauche du bras. Excité, je leur embranche le pas, en courant ! Je veux rejoindre le plus vite possible la plage de galets au pied des Seven Sisters.
En arrivant sur la plage, je dégaine mon portable pour immortaliser l’instant. Je suis très très heureux. Puis, je me retourne pour chercher l’accès vers Newhaven où je dois prendre le train. Je cherche, je regarde partout, pas moyen de traverser sur la plage ! Ce fichu tracé passe par la droite du bras ! Je dois touuuuuuuuuuut contourner, ça me rajoute 4km au tracé complet. En ajoutant tous les kilomètres par ci, par là que j’ai accumulé en choisissant les mauvais chemins, je me rends compte que je ne suis pas au bout de mon défi et surtout de mes peines.
Dans la douleur
Pour impressionner tous les visiteurs, je sors ma plus belle foulée pour refaire le tour au pas de course. La vue est magnifique, je savoure ces moments. Je prends mon temps pour faire des photos. Je ne reviendrai pas de si tôt, encore moins à pied. J’atteins la ville de Seaford en bord de mer. Les touristes font bronzette sur la plage. J’en suis à 55km, il est 15h, il fait 25 degrés et je tuerais pour du sucre. Je prends une crêpe au chocolat et 1L de Coca-Cola. Je marche depuis 1h et il m’en reste encore 1. La fin est interminable et je subis très très fort.
Update : Avec du recul, cette expérience compliquée a énormément contribué à la réussite de Country to Capital au niveau psychologique.
En chiffres :
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