ROADTRIP eN NZ
2 semaines dans l’île du Nord
Après avoir acheté un van aménagé à Auckland, j’ai pris la route vers Wellington pour un roadtrip de 2 semaines. J’en ai profité pour explorer une partie de l’île du Nord tout en découvrant la réalité de la « van life » seul en Nouvelle-Zélande, si populaire sur les réseaux sociaux.
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Je suis arrivé à Auckland en Nouvelle-Zélande le 1er juin 2023 avec comme idée d’arriver à Wellington autour du 20 juin en vue du marathon. Les 10 premiers jours, je suis resté à Auckland en recherche d’un van aménagé pour voyager. Le 10 juin, je recevais les clefs de mon flamboyant Nissan ELGRAND de 2002 et 270 000 km au compteur. Cela me laissait une bonne dizaine de jours pour traverser l’île du Nord jusqu’à la capitale.
La conduite
J’ai mon permis de conduire depuis 10 ans maintenant mais je conduis très peu dans ma vie. En habitant en ville, je me déplace toujours à pied, à vélo ou en transport en commun. À la campagne, je ne fais que des courts déplacements d’une vingtaine de kilomètres. Je conduis tellement peu que je n’ai d’ailleurs jamais conduit sur l’autoroute en France. Ma distance la plus longue ? 60km.
Il y a 3 différences majeures pour moi avec la conduite de cette voiture en Nouvelle-Zélande.
- La première, c’est la conduite à gauche. J’ai beau avoir vécu plus d’un an au Royaume-Uni, je n’ai jamais conduit là-bas. Faire du vélo ou du scooter à gauche, ce n’est quand même pas pareil que de conduire une voiture.
- La seconde grosse différence, c’est d’avoir le volant à droite. Heureusement pour moi, la voiture que j’ai trouvée possède une boite automatique. Au passage, c’est également ma première boite auto.
- Last but not least, je n’ai jamais conduit une si grosse voiture : SPOILER, j’ai fait des bêtises.
Je trouve qu’on s’habitue vite à la conduite à gauche, il suffit de suivre le mouvement finalement. Même chose pour le volant à droite, on oublie très vite la différence. Au final, de ces 3 nouveautés, c’est la taille du véhicule qui me pose le plus de problème. Certaines routes ne sont pas très larges, je passe pile-poil dans les lignes de la route. Aussi, le freinage est beaucoup moins réactif que sur une petite voiture. Je me fais peur plusieurs fois sur les premiers ronds points.
Les campsite en Nouvelle-Zélande
L’avantage d’avoir un van dans lequel on peut dormir, c’est la liberté pour le camping. De plus le mien est dit « self-contained », c’est à dire que je possède un WC portable et que je peux conserver des eaux usées (cuisine/vaisselle) pour 3 jours minimum. Cela offre encore plus d’opportunités de camping en Nouvelle-Zélande. Dans l’idée, on pourrait s’arrêter à n’importe quel endroit pour dormir. Dans les faits, c’est assez régulé et il n’est pas possible de vraiment dormir où on veut. Les règles évoluent en fonction des villes et des régions.
Dormir dans sa voiture peut être intimidant la nuit surtout quand on est seul. Quand on s’installe dans un endroit où on n’est pas sûr à 100% de la légalité, on peut se sentir un peu mal avec la peur que quelqu’un vienne taper à la fenêtre en pleine nuit.
Il existe plusieurs applications mobiles qui regroupent différents types de parking. La plus développée semble être CamperMate (assez similaire à Park4Night pour les connaisseurs). On trouve également Rankers Camping. Sur ces applications, on peut trouver des emplacements de camping gratuits, des particuliers qui proposent des emplacements sécurisés, des campings officiels. Sur CamperMate, les toilettes publiques, douches publiques, stations services, zone de vidange, recharge de gaz et beaucoup d’autres points d’intérêt sont disponibles.
Par l’intermédiaire du DOC « Department of Conservation », le pays a mis en place des aires de camping aménagées, généralement avec des toilettes, dans lesquelles il est possible de passer la nuit en van ou en camping car pour une quinzaine de dollars. Il faut réserver sa nuit sur internet et les « campsite » sont vérifiés par des rangers. Dans ce cas, c’est rassurant de se dire qu’on dort dans un endroit sécurisé. C’est l’option que j’ai choisie pour ma première nuit.
Première nuit en van
Je prends la route un samedi après-midi avec pour projet de rester à proximité d’Auckland pour le week-end. Je me dis qu’il peut être pratique de rester proche de la plus grosse ville du pays au cas où il faudrait que je me procure du matériel supplémentaire : une batterie supplémentaire pour la voiture ou un sac de couchage par exemple. J’aborde ce premier week-end comme un test. Sur l’application mobile CamperMate, je trouve mon premier campsite.
En fin d’après-midi, je me gare à proximité d’une aire de jeux pour enfants. Il y a un petit chemin de randonnée qui traverse le campsite et les familles profitent du lieu pour se balader et promener leur chien. L’endroit est extrêmement bien entretenu : tables de camping, pelouse tondue, toilettes propres, aire de jeux flambant neuve. Je me dis : « Ça y est ! J’y suis ! Ma première nuit en van en Nouvelle-Zélande ». Je l’ai visualisée dans mon esprit depuis 2020 et c’est maintenant. Ce sentiment est très agréable.
À la nuit tombée, vers 17h30, je m’enferme à l’intérieur et je commence à écrire un peu. Vers 21h, un groupe de jeunes du village décide de venir s’amuser dans l’aire de jeux pour enfants avec des lampes torches, à 5m de ma voiture. Ils sont très bruyants, sûrement alcoolisés et je ne suis pas très rassuré. Je me dis « Si ce groupe de 8-10 jeunes bourrés décide de venir m’embêter, je ne sais pas ce que je peux faire. » Il y a un autre van garé sur le même parking que moi, c’est la seule chose qui me rassure. Au bout d’une heure à faire les idiots avec les balançoires, ils repartent. Je crois bien que le manque d’expérience m’a fait m’inquiéter pour rien, ça fait partie de l’apprentissage.
Hunua falls
Via l’application Roady qui recense un tas d’activités et points d’intérêts, je trouve un marché local le dimanche matin, une courte randonnée et une cascade à proximité de ma position. Ce dimanche étant mon jour de repos dans la préparation du marathon de Wellington, je décide de faire un petit tour au marché de Clevedon et d’enchainer avec la randonnée en marchant tranquillement. La météo est splendide, parfait pour une petite marche.
Sur la route et pendant la randonnée, je me rends compte à quel point les paysages sont incroyables. Partout où je regarde, je suis impressionné par la vue. En fin d’après-midi, j’arrive à Hunua Falls. Il y a quelques touristes, le parking est à moitié plein. Je fais quelques photos, repère un départ de randonnée puis tout le monde quitte les lieux à la tombée de la nuit. Je me retrouve seul sur le parking et passe une très bonne nuit.
Au petit matin, je réalise la rando en courant : 8km pour 400 m de dénivelé positif. Ça réchauffe vite. Malheureusement, pas de douche sur place et je suis contraint de me verser 1L d’eau froide sur la tête en guise de toilette. Ça déchauffe aussi vite mais ça fera l’affaire pour aujourd’hui. Finalement, je décide que je n’ai pas besoin d’équipement supplémentaire pour mon trajet jusqu’à Wellington et je pars vers le sud en direction de Hamilton.
Hamilton, premier contact avec des kiwis
À Hamilton, pour éviter de passer la nuit garé dans un quartier résidentielle, je décide de payer un peu pour dormir dans une cour privée et être au calme en sécurité. C’est ainsi que je fais la connaissance de Taki et son épouse. En discutant un peu de sport, ils m’apprennent qu’ils sont tous les deux joueurs d’Ultimate Frisbee et même en équipe nationale ! Taki a maintenant 43 ans et il me raconte qu’il jouait au rugby quand il était plus jeune. Il a même réussi à jouer professionnellement en Asie. Pour le bien de ses articulations, il fait maintenant des sports d’endurance et de l’Ultimate. Je suis impressionné par son parcours : on peut rester compétitif dans le sport après 40 ans ! Je le savais déjà, Taki me le rappelle.
Au passage, j’en profite pour poser quelques questions sur la culture maori. Cette conversation est très intéressante pour le jeune inculte que je suis et ça me donne envie d’en apprendre un peu plus sur le pays.
À Hamilton, je porte ma voiture fraichement acquise dans un garage pour avoir un avis sur la mécanique : je n’y connais rien et j’ai repéré une fuite d’huile. Bilan : j’ai une courroie sans importance à changer, une petite fuite d’huile moteur avec réparation inchiffrable, des balais d’essuie-glace usés. Je repars avec une facture de 185€ pour pas grand chose puisque j’ai décidé de ne pas faire réparer ma fuite tout de suite. Vive la NZ.
Hobbiton, le paradis des hobbits
Une visite que je ne veux pas manquer, c’est le village d’Hobbiton : La Comté dans la trilogie du Seigneur des anneaux et du Hobbit. Avant de quitter Hamilton, je trouve d’ailleurs le livre pour 5 NZD dans un magasin de seconde main. J’ai assez de temps pour lire le début du Seigneur des anneaux et me remettre dans l’ambiance.
Avec un ancien élève de mon école d’ingénieur installé en Nouvelle-Zélande, nous prévoyons de nous rendre à Hobbiton le mercredi matin. Malheureusement pour Maxime, des soucis de transports en commun l’empêche de venir à la visite. J’effectue la visite avec Maddy, une américaine en voyage.
Tout est parfait dans ce petit faux village. Les jardins Hobbits sont fleuris et bien décorés. La guide de notre groupe nous raconte quelques anecdotes sur le tournage et nous explique notamment pourquoi les portes sont de tailles différentes : la perspective. On apprend que le village a été amélioré pour le tournage du Hobbit, plusieurs années après celui du Seigneur des anneaux. Je suis déçu qu’on ne puisse pas visiter une maison comme on voit dans les films. Il n’y en a pas actuellement. Toutes les façades de maisons sont fausses et la maison de Bilbon et Frodon n’est pas visitable. La bonne nouvelle, c’est qu’un nouveau bâtiment est en construction et qu’on pourra visiter une vraie maison de Hobbit à partir du 2 décembre 2023.
Etant un vrai fan du monde fantastique du Seigneur des anneaux, je passe tout de même un très bon moment pendant cette visite. Pour pouvoir rester plus longtemps sur place, j’ai pris la formule visite guidée + lunch. Ce n’est pas franchement donné : 127 NZD (= 71€), mais je ne regrette aucunement.
5 jours à Rotorua
Après Hobbiton, je finis par retrouver mon ami Maxime dans la ville de Matamata et nous prenons la route de Rotorua. La ville est connue pour ses sources chaudes et une odeur de souffre assez présente en ville. En arrivant aux abords de la ville, on peut voir de la fumée au loin, signe de sources chaudes.
À proximité de la ville se trouve la lac et le volcan Tarawera, lieu de la seule course d’ultra tail labellisée UTMB en Nouvelle-Zélande. Nous entreprenons une randonnée de 15 km avec Maxime qui nous mène jusqu’au bord du lac. La particularité de ce lac est qu’il y a des sources chaudes directement dans le lac. En mettant les pieds dans l’eau, on peut réellement sentir des courants chauds en se rapprochant des zones où des bulles sont visibles à la surface. Il est d’ailleurs interdit de mettre la tête sous l’eau car elle est toxique.
Au bord du lac, nous voyons même un cadavre de wallaby en décomposition. Hé oui ! Il y a des wallabies en Nouvelle-Zélande et ils sont considérés comme nuisibles au même titre que les possums car ils n’ont pas de prédateur. Le département de la conservation (DOC) propose un guide pour la chasse, possible toute l’année.
Anecdote
À Rotorua, je dors dans mon van sur un parking spécifique aux camper vans self-contained comme le mien, en plein centre ville. Le jour de mon départ, en faisant marche arrière pour sortir de ma place de parking, je ne regarde pas dans mon rétroviseur central car ma vitre arrière est obstruée par un rideau. Ainsi, je ne vois pas l’arbre qui se rapproche dangereusement de ma vitre et c’est comme ça que j’EXPLOSE ma lunette arrière. Pas de petit craquement ou bruit pour prévenir, il a tout simplement explosé d’un coup.
Heureusement, le gros malin que je suis a prévu une assurance tout risque moyennant une franchise de 500 NZD (= 280€). Soudainement, mon planning change et je dois laisser mon véhicule chez le Carglass local jusqu’à Lundi, le temps que le pare-brise soit livré. Comme dit l’expression Française : « Quand on n’a pas de tête, on a une carte bleue ».
Pour le week-end, je décide donc de me rendre dans une auberge de jeunesse. C’est l’occasion pour moi de prendre une vraie douche, de faire ma lessive et de planifier mon ultime entrainement spécifique marathon : 23km dont 2 x 6km à allure de course. Finalement, ce petit contre-temps n’impacte réellement que mon porte feuille, plus de peur que de mal et je quitte Rotorua direction Taupo.
Repérage à Taupo
Sachant que la ville de Taupo était sur mon trajet, je me suis dit qu’il pouvait être judicieux d’aller repérer les chemins de ma future course d’ulltra-trail prévue en octobre. Une nouvelle fois, j’ai pour ambition de réaliser une bonne performance sur cette course et cela implique de courir tout le long à un rythme assez soutenu. Par chance, j’ai trouvé un freecamp juste à côté du lac et à proximité de la fin de course.
Au petit matin, j’improvise une petite session trail suivi d’un saut dans le lac plutôt très froid. Cela me permet de confirmer que les chemins sont praticables. Il faut viser autour de 9h pour parcourir les 100 km et 3500m de dénivelé positif pour espérer le podium. Affaire à suivre, rendez-vous le 14 octobre. Je ne m’attarde pas à Taupo et je me dirige vers le volcan Tongariro
Tongariro Alpine Crossing
Le volcan Tongariro se situe à proximité de Taupo. Dans le Seigneur des anneaux, il sert à représenter la montagne du Destin, dont le feu permet de forger l’Anneau. Une randonnée très populaire dans l’île du Nord existe : le Tongariro Alpine Crossing. Elle fait environ 20 kilomètres pour 1000m de dénivelé positif. En marchant, il faut compter 6h. Il s’agit d’une traversée et non d’une boucle. En été, on peut garer sa voiture à l’arrivée et prendre une navette qui nous emmène au départ. Sur des groupes Facebook, je vois qu’il n’y a pas de navettes pendant l’hiver et je décide de faire un aller-retour depuis le début jusqu’au point le plus haut.
Anecdote
Dans la culture maori, les sommets des montagnes et volcans seraient sacrés et il est donc « interdit » de se rendre au sommet du Tongariro. Pendant le tournage du Seigneur des anneaux, Peter Jackson et ses équipes n’ont d’ailleurs pas eu l’autorisation de filmer le cratère du Tongariro. Ainsi, cette randonnée passe à proximité du sommet sans l’atteindre.
En petite foulée, il me faudra 3h pour faire l’aller-retour. J’avais lu sur des forums qu’il pouvait être dangereux de la faire en hiver et qu’un guide était recommandé. Sur place, j’ai trouvé des escaliers et passerelles en bois très bien entretenus, des larges chemins et pratiquement pas de neige. À part le gros nuage au sommet et le crachin normand qui va avec, pas de difficulté particulière si on est en bonne forme physique et bien équipé (vêtements de pluie, nourriture et eau). Pas de vue au sommet aujourd’hui mais une belle balade que je recommande évidemment, comme tous les guides touristiques. Il y a pléthore d’articles sur le net.
Nouveaux amis à Whanganui
Je ne suis plus très loin de Wellington, ma destination finale, mais il me reste quelques jours devant moi jusqu’à la course. J’en profite pour me rendre à Whanganui, plus grosse ville sur mon chemin. Sur le parking où je compte passer la nuit, je tombe sur Alex et Baptiste, deux français qui voyagent ensemble. Ils sont eux aussi en route vers Wellington. Je passe la soirée avec eux et nous décidons de courir ensemble le lendemain matin. Les jeunes athlètes de 25 ans sont eux aussi en visa voyage travail et en préparation d’un trail. Le courant passe à merveille et je fais le choix de rester avec le binôme pour la nuit suivante.
Nous prenons la direction d’Otaki où il y a un free camp sur la plage. C’est une bonne destination pour tous les 3 : possibilité de randonner pour eux et sur la route de Wellington pour moi. Depuis le début, tous les paysages et les free camps ont été extrêmement plaisants. Le mieux dans tout ça, c’est que l’île du Nord n’est même pas la plus jolie des deux d’après les dires d’autres voyageurs.
Bilan
Après deux semaines de route, j’arrive à Wellington le 23 juin 2023, deux jours avant le marathon. Pendant ce court périple, j’ai appris à conduire une voiture à gauche. J’ai découvert que le gabarit n’était pas forcément facile à conduire au début. J’en ai pris plein les yeux et j’ai fait de belles rencontres. Je n’ai qu’une envie : CONTINUER de rouler pour visiter.
Malheureusement pour moi, après 11 mois sans travailler à vivre ma meilleure vie, j’ai épuisé mon budget. Je dois me remettre au travail pour financer les projets futurs. Pour le moment, je pense rester plusieurs mois à Wellington et j’espère trouver rapidement un emploi. Si l’occasion se présente ailleurs, je n’hésiterai pas à bouger.
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