MAE HONG SON LOOP
750 km de scooter en 4 jours
Pour terminer mon séjour de 40 jours en Thaïlande, j’ai réalisé le Mae Hong Son loop au nord du pays. En compagnie de 4 amis, nous avons passé 4 jours sur les routes sinueuses Thaïlandaises. Voici le récit de notre belle balade.
Temps de lecture estimé : 9 minutes.
Le nord du pays est, entre autres, réputé pour ses temples bouddhistes et son atmosphère détendue. Les villes de Chiang Mai, Pai et Chiang Rai font parties des destinations touristiques les plus populaires. Elles ont chacune leur particularité.
Un bon moyen de profiter au mieux de la région est de réaliser une boucle en moto/scooter. L’une d’entre elles est nommée : le Mae Hong Son loop.
Le Mae Hong Song loop, c’est quoi ?
Il s’agit d’un tracé routier, en l’occurence une boucle, qui traverse plusieurs villes dans le nord de la Thaïlande. Le départ s’effectue généralement depuis la ville de Chiang Mai et passe par les villes de Mae Sariang, Mae Hong Son et Pai. La boucle permet d’accéder au sommet le plus haut du pays : Doi Inthanon. D’après ce post sur Tripadvisor, le tracé complet compte plus de 1800 virages pour 650 km (hors détours).
On peut réaliser le trajet dans un sens ou dans l’autre, cela importe peu. Nous l’avons fait dans le sens horaire au départ de Chiang Mai. La route est accessible en voiture mais le mode de transport le plus populaire parmi les voyageurs est le scooter ou la moto.
Avant de partir en Asie, je disais à qui veut l’entendre qu’il était hors de question que je loue un scooter alors que je n’ai jamais conduit de deux-roues en France. On voit beaucoup trop d’accidents parmi les voyageurs.
Un mois après mon départ en Thaïlande, je louais un scooter pour la seconde fois de ma vie, en route pour 750km en 4 jours.
J’arrive à Chiang Mai le 4 Mars 2023 en provenance de Krabi et ses plages paradisiaques. Le contraste est frappant. Le nord du pays est plongé dans une épaisse fumée depuis le mois de février : c’est la « burning season ».
La « burning season », attention les yeux
La burning season est une période qui s’étend généralement de février à avril pendant laquelle une épaisse couche de fumée recouvre le nord de la Birmanie, de la Thaïlande et du Laos. Plusieurs facteurs permettent d’expliquer ce phénomène :
- Il s’agit de la saison sèche et les précipitations sont très faibles
- Les agriculteurs en profitent pour bruler les champs et les forêts pour fertiliser leur parcelle en vue de la saison des pluies
- Les émissions produitent par les véhicules stagnent
Le niveau de pollution est très élevé et cette région est la plus polluée du monde pendant cette période. Le ciel est constamment couvert d’un filtre grisâtre. La visibilité varie en fonction des jours mais le ciel n’est jamais parfaitement clair.
Pendant les pires journées, on peut ressentir une gêne dans la cage thoracique et avoir les yeux qui piquent. Pour limiter ce phénomène, je portais un masque FFP2 durant les pics de pollution.
Chiang Mai, le point de départ
Je suis tellement impressionné par cette fumée permanente que j’hésite même à repartir au sud dès les premiers jours. Ce qui me gêne le plus, c’est le côté dangereux pour la santé avec les microparticules PM2.5. Alors que j’ai prévu de reprendre la course à pied doucement suite à mon trail mi-février, il est hors de question de courir dans cette pollution.
Suite aux conseils de mon amie Raphaëlle qui vit à Chiang Mai, je loge dans une auberge dans le quartier de Nimman. C’est une zone assez dynamique prisée des touristes et digital nomades. On trouve facilement des cafés et des restaurants un peu élégants. Je trouve ainsi une salle de sport avec des tapis de course.
Après quelques jours à visiter des temples, flâner sur le marché de nuit du dimanche et me reposer, je suis rejoint par Raphaël et Marie-Alice (aka Maf), des amis de Strasbourg arrivant du Laos. Arrivent ensuite Victor et Justine depuis Bangkok. Nous prévoyons de réaliser le Mae Hong Son loop ensemble en 4 jours. Après ça, je dois moi-même retourner à Bangkok pour partir au Laos.
Choix des scooters
Après un peu de recherche sur internet, Victor, Justine et moi louons chacun un scooter 125cc. D’après quelques récits de voyage, cela est suffisant pour effectuer la boucle, même dans les grosses côtes. Raph et Maf portent leur choix sur une moto cross pour 2 : des vrais kiffeurs ! La veille du départ, nous réservons nos montures. Le prix des scooters est de 250 baths par jour, soit 7€.
J’avoue je ne suis pas mega rassuré car je n’ai pas beaucoup d’expérience mais en voyant les locaux conduire, à 12 ans ou même à 4 sur un scooter, je me dis que ce n’est pas sorcier. L’autre problème c’est l’assurance : je ne suis pas assuré en cas d’accident. Le loueur possède tout de même une assurance au tiers et ma carte visa premier doit couvrir le rapatriement en cas de grave problème. Le scoot, c’est pour ma pomme si quoi que ce soit arrive.
Jour 1 : Top départ
Le matin, nous récupérons les deux-roues, attachons les sacs et nous voilà parti pour 4 jours de plaisir. La fumée est toujours bien présente et je fais le choix de rouler un masque FFP2. Comme prévu, il s’avère que conduire un scooter est vraiment ultra facile. Apparemment, je ne suis plus le petit garçon de 10 ans à la fête foraine de Saint-Quentin qui fonçait dans les boudins en mini-moto.
Pour ce premier jour, nous prévoyons d’aller jusqu’à la petite ville de Mae Sariang en passant par Doi Inthanon, le plus haut sommet de Thaïlande. Raphaël dispose d’un repose téléphone et Marie-Alice ne conduit pas : ils sont donc notre GPS et moto ouvreuse. Victor se met en 2ème position, Justine 3ème et je ferme la marche. Au final, nous garderons cette organisation jusqu’à la fin, sauf quand Raph décide de nous tracer avec sa grosse moto, sans se retourner.
Petite galère
Les kilomètres défilent vite, les virages s’enchaînent et nous arrivons au sommet de Doi Inthanon en milieu de journée. Nous sommes au dessus du nuage de fumée. Ainsi, nous pouvons enfin voir le ciel bleu mais rien n’est visible sous ce smog. C’est assez frustrant, mais il fallait faire ses recherches avant de venir pendant cette période de l’année.
Après un detour par une petite cascade, Raphaël propose de prendre une autre route pour retourner sur la route principale, au lieu de simplement faire demi-tour. Pire idée de la semaine, nous voilà embarqués dans un chemin de terre/sable escarpé et plutôt impraticable. Malheureusement, compliqué de faire marche arrière et nous décidons de poursuivre. Je ne peux pas me plaindre, je ne fais que suivre sans même savoir où je vais. On ne peut pas blâmer si on est toujours passif. Une bonne demi-heure et une mini-chute plus tard, nous retrouvons enfin la route principale. Nous sommes en milieu d’après-midi et il nous reste encore plus de 100km à parcourir pour arriver à destination. Le soleil se couche autour de 18h, ça s’annonce mal pour arriver de jour.
Mae Sariang
Nous nous arrêtons uniquement pour faire le plein et atteignons le point de chute à 19h30, dans la nuit noire, avec 280 km au compteur.
Anecdote
C’est assez comique car, de ma vie, je n’ai jamais conduit plus de 60 km en voiture d’une traite. Je me dis que 280 km, ce n’est pas mal pour quelqu’un qui ne savait pas vraiment conduire un scooter le matin même.
Ce soir là, c’est fête foraine à Mae Sariang ! Pas de mini-moto et de boudins mais le tir à la carabine me fait de l’œil. On dispose de 10 bouchons en plastique et il faut réussir à faire tomber 5 bouteilles pour gagner un porte-clef. Malgré mes talents cachés de sniper, je ne fais tomber que 4 bouteilles. Heureusement, la négociation et un peu de French Touch nous permet de repartir avec un porte-clef en peluche, en forme de mi-banane/mi-pénis.
Jour 2 : de Mae Sariang à Mae Hong Son
Le lendemain matin, nous partons à 9h30 et il est hors de question d’arriver encore une fois après la nuit tombée. La route est vraiment belle, avec de nombreux virages. Je m’entraîne un peu à piloter dans les virages, j’ai l’impression d’être Valentino Rossi sur mon scooter. Je prends énormément de plaisir à conduire sur ce tronçon, moi qui avais encore peur hier matin. En revanche, la pollution est encore pire que la veille. Nous effectuons une unique pause café et arrivons à Mae Hong Son vers midi.
Il y a un petit lac au centre de la ville, entouré par un temple, des cafés et un marché. Nous passons une bonne partie de l’après-midi dans un bar à boire des bières Chang. De retour à la guesthouse après le repas, nous faisons connaissance avec un Suédois de 20 ans qui vient de commencer son voyage. Il vient de passer 10 jours à Pai, notre prochaine étape. Il a tellement surkiffé son séjour qu’il hésite à y retourner. Nous rencontrons également un Américain de 50 ans qui est professeur d’anglais au Japon depuis 20 ans. Il profite de quelques jours de vacances pour voyager un peu. Il est déjà venu en Thaïlande il y a 15 ans. Nous passons tous une bonne soirée à échanger sur le voyage.
Jour 3 : de Mae Hong Son à Pai
Avant d’arriver à Pai, il nous reste encore une journée de route. Nous partons le matin à 8h30 en direction de Ban Rak Thaï, un village à la frontière birmane connu pour son thé. En chemin, nous nous arrêtons pour observer un joli pont en bambous très instagramable qui relie un village à un temple bouddhiste. La route qui nous mène ensuite vers Ban Rak Thaï est très sinueuse, encore une fois c’est un plaisir en scooter.
Ban Rak Thai
Mae Aw, également appelé Ban Rak Thai, est un petit village perché dans les hauteurs à 35 km de Mae Hong Son. Il est situé tout proche de la frontière Birmane. Ban Rak Thai est réputé pour ses panoramas impressionnants et ses plantations de thé. Malheureusement pour nous, les panoramas perdent de leur charme pendant la burning season.
Historiquement, le village a été fondé par des soldats chinois ayant émigrés après la prise de pouvoir du communisme en Chine. De nos jours, on ressent encore l’influence chinoise dans l’architecture.
Sur place, j’ai des sentiments partagés. Mon avis personnel est que ce village a perdu de son authenticité. Tous les bâtiments semblent être orientés vers le tourisme. Le petit quartier/hôtel chinois est construit en béton, « maquillé » pour le rendre authentique. Nous dégustons quand même quelques thés différents, très gentiment offerts par le jeune homme qui gère le café. Nous passons environ 2h dans le village mais il est temps de repartir car nous avons encore de la route jusqu’à Pai.
En chemin, nous nous arrêtons aux grottes de Nam Lod. Elles sont impressionnantes et on peu s’y rendre avec un guide pour 3. À l’intérieur, on peut accéder à un autre côté des grottes en prenant une petite barque. Il y a des centaines de chauves-souris et des milliers de fientes. Ça me rappelle les grottes de Kow Ata au Turkménistan, l’odeur de soufre en moins.
Pai : on adore ou on déteste
J’ai entendu les 2 opposés concernant Pai. Ce que je retiens, c’est qu’il s’agit d’une ville de hippie prise d’assaut par les étrangers. L’atmosphère semble détendue mais fêtarde et soit on adore, soit on déteste.
Nous arrivons en fin d’après-midi. Pour cette dernière nuit, nous dormons dans des bungalows très sympatiques. L’objectif de la soirée est très clairement de faire la fête. En nous rendant dans un bar de la ville, nous tombons par hasard sur Lucas avec qui j’étais en cours à Strasbourg. Je tombe également sur Reda et Nawfel, 2 autres voyageurs rencontrés sur l’île de Koh Phi Phi en Thailande. C’est drôle de rencontrer des amis totalement par hasard à l’autre bout du monde.
Anecdote
Vers minuit, je me décide à rentrer dormir car j’ai de la route le lendemain jusqu’à Chiang Mai. En me rendant au supermarché 7-Eleven pour acheter de l’eau, je tombe sur 2 chiens errants ultra mignons. D’humeur joviale, je leur achète des croquettes : pire idée de la soirée.
J’ai passé les 4 prochaines heures à nourrir tous les chiens errants que j’ai croisé, au point de m’allonger sur le chemin à caresser le plus beau d’entre eux à 4h du matin. Une bonne soirée, heureusement pour moi que je ne puisse pas rester plus longtemps. J’aurais peut-être fini par en adopter 1 ou 2.
Jour 4 : retour au point de départ
Mes amis ont décidé de rester une nuit de plus pour profiter de l’endroit. J’aimerais rester plus longtemps, certains voyageurs passent plusieurs semaines uniquement à Pai. Il y a des endroits sympathiques à visiter comme un canyon ou certains points de vue. Malheureusement, je dois absolument repartir car j’approche les 45 jours en Thaïlande qui est la durée maximale sans visa actuellement. Ainsi, après le déjeuner le lendemain, je reprends la route seul. Je conduis prudemment jusqu’à Chiang Mai. C’est la fin du périple.
Bilan du Mae Hong Son loop
En seulement 4 jours, j’ai parcouru 750km dont 280km le premier jour. J’ai l’impression d’avoir débloqué une nouvelle compétence dans ma vie. Après la plongée quelques semaines plus tôt, j’ai débloqué la compétence « conduite de 2 roues » ✅. J’ai pris beaucoup de plaisir à partager ça avec des amis de la maison. D’ailleurs, je ne l’aurais même pas fait sans eux. Je me sens prêt à faire d’autres boucles en Asie, ce n’est pas ça qui manque par ici.
Si tu as des questions ou des remarques, n’hésite pas à laisser un commentaire !