La préparation mentale dans le sport
ce qui fait la différence
Il est très facile de trouver des conseils et des plans d’entrainement pour progresser en course à pied. Les techniques d’entrainement sont très largement partagées et avec de la discipline à l’entrainement, on peut progresser. Cependant, pour performer le jour d’une course, il y a un facteur déterminant dont je trouve qu’on parle pas dans le sport amateur : la préparation mentale
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Un sujet trop peu traité
Le préparation mentale est un élément clef dans le sport et dans la vie en général, mais on en parle très peu dans les plans d’entraînement. La préparation mentale devrait faire partie intégrante des plans, selon moi. Le corps est plein de ressources et je pense qu’on arrive très rarement à tout consommer physiquement. C’est l’esprit qui décide de ralentir ou d’arrêter quand les jambes peuvent continuer.
Alors que certains athlètes pro évoquent le sujet et font parfois appel à un préparateur mental, je n’ai jamais rencontré un athlète amateur ayant un coach mental. Pourtant, faire appel à un coach sportif pour structurer un entrainement est une pratique tout à fait courante.
Anecdote
J’ai toujours tenté me dire que laisser tomber n’était pas une possibilité, peu importe le domaine.
A l’école, je me suis retrouvé maintes fois face à des devoirs de Maths qui me faisaient péter des câbles, où la seule chose que je voulais faire était de partir. Mais j’arrivais toujours à me dire que « les faibles abandonnent là où les braves persévèrent ». J’ai vite choisi mon camp. Et à chaque examen, je me disais que si je n’avais pas abandonné la fois précédente, je n’allais pas abandonner cette fois-ci. J’ai gardé cette mentalité du collège à l’école d’ingé ! Ensuite, j’ai tenté de l’appliquer à d’autres domaines de la vie.
Être « en mission »
L’entrainement permet de renforcer sa capacité à encaisser la douleur et à repousser ses limites. Rien que le fait de s’entrainer quasi quotidiennement demande beaucoup de discipline et forge le mental. D’ailleurs, sans objectif spécifique et de date définie, je suis incapable de m’entrainer sérieusement.
Trouver la motivation de continuer n’est pas chose aisée. Le secret, c’est d’utiliser toutes ces galères comme motivation dans les moments les plus difficiles. Dorénavant, quand je me lance un défi et que je me présente sur une ligne de départ, je sais que j’irai au bout coûte que coûte. Normalement, je me suis préparé du mieux possible, en fonction de mon niveau initial, du temps imparti et de mes connaissances.
Le plus dur, c’est la préparation. Je me rappelle toujours que je n’ai pas mis tant d’effort dans un objectif pour abandonner si près du but. Quand on arrive sur une course que l’on prépare depuis des mois, il faut être « en mission ». Ça peut faire sourire de lire ça parce qu’on parle juste de course à pied, mais le mental fait la différence.
Visualisation avant une course
La veille de la course, juste avant de m’endormir, j’aime pratiquer la visualisation. Je tente de me projeter sur la ligne de départ pour ressentir les sensations. Ensuite, j’essaie de me représenter les futurs moments difficiles de la course. En sachant que ces moments vont arriver dans tous les cas, préparer l’esprit à cette future sensation de souffrance permet de mieux l’appréhender. Pour finir, se projeter sous l’arche d’arrivée renforce l’idée de ne pas abandonner.
La visualisation permet de se rassurer. Avant de se lancer dans une course d’endurance, on ne sait pas toujours comment cela va se dérouler. Pour moi, ce travail de projection permet de mieux maitriser ses émotions et de gérer ses doutes.
En visualisant l’arrivée, on renforce sa détermination et on ne se laisse plus vraiment le choix. D’ailleurs, le bonheur ressenti en passant la ligne est si intense qu’il justifie tous les mois voire les années de préparation.
Podcast « Dans la tête d’un coureur » à ce sujet
Pendant une course
Sur les 10 derniers kilomètres du marathon de Valence, j’étais possédé. Je m’étais moi-même mis dans cet état et je comptais dessus pour aller jusqu’au bout. Je me disais : « Nono, 20 ans de sport dans les jambes. OH, 10 ans de course à pied ! Tous ces p***** de footings de nuit à 6h du matin ou 22h. Toutes les conditions climatiques : neige, pluie, 35 degrés… C’est maintenant mon gars ! T’es un monstre ! Jamais de la vie tu ralentis, JAMAIS ! »
« Quand tu m’as doublé, tu avais l’air habité, tu kiffais ça se voyait, c’était beau à voir 😍 »
commentaire Instagram
Le pire, c’est que cet état méditatif est travaillé à l’entrainement, oui monsieur ! De temps en temps pendant mes sorties, je cherche la motivation dans mes vieux souvenirs. Par exemple, je pense au panneau STOP que je salue SYSTEMATIQUEMENT sur un de mes parcours. J’ai bien dû le « checker » plus de 300 fois en 10 ans, il m’encourage à chaque fois. Je visualise cette dame en fauteuil roulant, rencontrée sur un quai de gare, qui m’avait conseillé de profiter de ma bonne santé. Je réalise le chemin parcouru depuis mes débuts. Au lycée, je me souviens avoir été fier de moi après avoir couru 33 km en 3 jours. Alors pendant la course, je sais directement à quoi penser pour trouver l’inspiration et me surpasser. J’ai très vite retenu la citation : « La douleur est temporaire, l’abandon est éternel » et toutes ses variantes.
« Pain is temporary, quitting lasts forever »
Lance Armstrong
Par le passé, c’est clairement le mental qui m’a permis de terminer mon premier marathon en 4h48 avec peu d’entrainement. Même chose pour les 81 km de la Saintélyon 2018 en 14h30. Course pendant laquelle j’ai marché au moins 50km. En 2019, pour atteindre la barrière des 3h, j’accélérais sur les 4 derniers kilomètres du marathon de Reims grâce au mental, en passant de l’allure 4’15 à 3’45. Echec à 12 petites secondes près mais détermination certaine.
Mamba Mentality
Les vidéos de motivation pullulent sur YouTube et sur les réseaux sociaux. Pour les adeptes d’athlétisme en manque d’inspiration, la vidéo du 4×400 féminin des championnats d’Europe 2014 est une masterpiece. D’ailleurs, en rédigeant cet article, j’ai encore regardé la vidéo. Evidemment, j’ai ENCORE eu les larmes aux yeux. Floria Gueï on t’aime.
Quand j’étais ado et que je jouais au basket, je regardais toujours des vidéos de NBA avant de me rendre aux matchs. Quand j’arrivais sur le terrain, j’étais Kobe Bryant. D’ailleurs, Kobe « The Black Mamba » Bryant était tellement un bourreau de travail et une icône en matière de détermination qu’on parle de « Mamba Mentality » dans le monde du basketball. Le sport transporte et fait vivre des émotions uniques.
Si je ne ressentais plus cette énergie pendant une course, j’aurais changé de sport. C’est une des raisons pour laquelle j’ai basculé du basket à la course à pied. Je ne ressentais plus autant l’intensité qu’à mes débuts.
Conclusion
Pendant un événement sportif, si l’entrainement du corps a été réalisé sérieusement pendant plusieurs semaines, c’est bien la force de l’esprit qui fera la différence entre deux athlètes similaires.
Le marathon de Valence représente pour moi la meilleure prestation possible. Sur la ligne de départ, je m’étais fixé un objectif précis de 2h32, ce que je considérais être le maximum atteignable avec mon niveau actuel. Pendant la course, j’ai puisé au plus profond de mes ressources pour ne jamais lâcher. Passer sous l’arche d’arrivée en 2h32’00, à la seconde près, me conforte dans l’idée que la préparation mentale est essentielle dans la réussite sportive. Ne jamais lâcher, ça se travaille.
Maintenant que j’ai pas mal couru sur route, du 5km au marathon, j’aimerais tester mon corps et mon esprit sur des distances plus longues. En allongeant la durée d’effort, je pense qu’on découvre de nouvelles sensations physiques et mentales. Ces pensées sont, selon moi, accessibles uniquement à travers un effort extrême. L’ultra trail ou la course de montagne, en plus de présenter des panoramas stupéfiant, donne la possibilité de vivre ces expériences.
Pour terminer, je vous partage cette très courte vidéo du marathon de Paris 2015 qui résume bien l’article, tout en simplicité.
IMPORTANT : Dans cet article, je parle de préparation mentale et de persévérance pour des courses jusqu’au marathon. Elles se déroulent de jour et sont encadrées par une organisation. Le risque de blessure lié à l’épuisement entrainant des séquelles est faible. L’obstination sur des courses de montagnes et de nuit peut avoir des conséquences plus graves. Repoussez vos limites mais restez lucides !
Si tu as des questions ou des remarques, n’hésite pas à laisser un commentaire !
Pouahhhh « La douleur est temporaire, l’abandon est éternel » je ne connaissais pas cette citation. Elle vient de faire un gros boum dans mon cœur. Merciii