FREEDIVING
ma découverte de la plongée en apnée
Après 10 ans à suivre le monde de l’apnée de loin, il était temps pour moi de faire le grand saut, dans Le Grand Bleu. Cet article présente les caractéristiques qui m’ont attiré vers le freediving ainsi que mes premiers pas dans ce monde.
Temps de lecture estimé : 9 minutes.
DISCLAIMER
Je ne suis ni coach sportif, ni professionnel de santé. Tout ce que je dis est basé sur mon expérience personnelle et mes recherches. Ce que je dis n’engage que moi.
Avant de commencer une nouvelle activité sportive, il peut être judicieux de consulter un professionnel de santé.
- la règle de BASE de l’apnée est de NE JAMAIS PRATIQUER SEUL.
- le meilleur moyen d’éviter les blessures dans le sport est LA PROGRESSIVITÉ.
Contexte
J’ai 16 ans quand je découvre l’apnée par l’intermédiaire de notre champion national Guillaume Néry. À l’époque, il est à la bagarre avec Alexey Molchanov pour le record du monde de profondeur en monopalme poids constant : autour de -125m. C’est encore un niveau au-dessus de nos amis Enzo et Jacques Mayol dans Le Grand Bleu.
Étant un petit campagnard du nord de la France, loin de la mer, les sports aquatiques ne font pas partie de ma vie. Mais en découvrant ce sport, les dimensions physiques, mentales, techniques ainsi que le fait de toujours repousser ses limites si on en a envie, attirent mon attention. Pour l’instant, je commence tout juste la course à pied qui conjugue également travail physique et mental. L’avantage, c’est que c’est sur terre et qu’on peut pratiquer partout. L’apnée, ce n’est pas pour tout de suite mais je sais qu’un jour, j’essaierai.
Le freediving, c’est quoi ?
L’apnée ou en anglais « freediving » est un sport qui regroupe plusieurs pratiques. L’apnée peut être pratiquée en piscine et en eau libre. En piscine, on trouve la statique et la dynamique. En eau libre, on recherche plutôt la profondeur.
Le concept de l’apnée statique, c’est de rester le plus immobile possible, le visage immergé, et de retenir sa respiration le plus longtemps possible. La clef, c’est de réussir à contrôler son esprit pour repousser le besoin de respirer. Le record du monde est à 11 minutes 35 secondes.
La dynamique consiste à nager sous l’eau en retenant sa respiration. Avec ou sans palmes, on tente de parcourir le plus de distance possible dans une piscine. Il faut trouver l’équilibre entre efficacité de nage et relaxation. Les meilleurs du monde dépassent les 200m.
Enfin, pour la profondeur, on cherche à descendre le plus profond possible en longeant une corde verticalement. On est au-delà de 100m pour les champions (hors no-limit).
Les disciplines de compétition
Au fil des années, les disciplines sont devenus de plus en plus encadrées et on en trouve maintenant une multitude. Il y a même des records d’apnée dynamique sous la glace.
Les multiples organismes
Initialement amateur et désorganisé, le monde de l’apnée s’est progressivement structuré et plusieurs organismes ont fait leur apparition. La création de règlements a permis de reconnaitre les records dans le monde entier tout en assurant un maximum la sécurité des apnéistes.
AIDA, l’Association Internationale pour le Développement de l’Apnée, est la référence dans le monde entier depuis 1992. Comme pour la plongée avec bouteille, on retrouve SSI et PADI. La France faisait partie des pays les plus actifs en apnée, on trouve la Fédération Française d’études et de Sports Sous-Marins (FFESSM). Le célèbre apnéiste Umberto Pelizzari a co-fondé Apnea Academy en 1995. La légende Natalia Molchanova, aujourd’hui disparue, a également fondé son système éducatif d’apnée Molchanovs, projet maintenant porté par son fils Alexei Molchanov.
Tous ces organismes sont basés de manière similaire sur un système pédagogique à plusieurs niveaux, de débutant à instructeur. Pour ma part, j’ai effectué ma formation sous l’étiquette PADI, jusqu’au niveau Master, juste en dessous d’instructeur.
PADI : Compétences à valider | Freediver | Advanced freediver | Master |
Static (STA) | 1 min 30 | 2 min 30 | 3 min 30 |
Dynamic bi-fins (DYNB) | 25 m | 50 m | 70 m |
Constant weight bi-fins (CWTB) | 10 m | 20 m | 32 m |
Première mise à l’eau
En février 2023, au début de mon voyage, j’arrive sur la petite île de Koh Tao en Thaïlande et je découvre qu’il s’agit d’un spot incroyable pour la plongée sous-marine. Je compare les tarifs entre la plongée avec bouteille (scuba diving) et l’apnée (freediving) et je remarque que les formations ont des coûts similaires. Environ 200€ pour le premier niveau en 2 jours, encore 200€ pour le niveau avancé en 3 jours, autour de 1000€ pour le niveau master qui dure plusieurs semaines. Cela représente une belle somme et je dois choisir l’un ou l’autre.
En plongée bouteille récréatif, on plonge entre 10 et 40m de profondeur avec pour intention principale d’aller observer la vie marine, les coraux, les poissons et autres mammifères. En apnée, on cherche à mieux contrôler son corps et ses émotions. Quand on n’a pas les yeux fermés, on voit des carreaux de carrelage ou du plancton. On peut également aller faire de l’apnée pour observer la vie marine mais les minutes (secondes ?) d’immersion sont comptées.
Pour débuter, je me tourne vers la plongée avec bouteille pour découvrir la population des eaux chaudes Thaïlandaises. Je passe ainsi mon premier puis second niveau de plongée bouteille et réalise une quinzaine de plongées en Asie du Sud-Est.
Le déclic
Quelques mois plus tard, en mai 2023, je passe les 5 plus beaux jours de ma vie sur une croisière en Indonésie entre amis. Tous les jours, nous avons la possibilité de faire du snorkeling dans des spots incroyables et je m’essaie à l’apnée de mon côté. Or, la règle de sécurité de base de ce sport est : on ne pratique jamais seul. En flirtant avec les 15m de profondeur, je réalise que personne ne peut venir me chercher à cette profondeur et qu’il serait judicieux d’en apprendre un peu plus sur ce sport pour en profiter pleinement, en toute sécurité.
Anecdote
Lors de cette croisière, j’ai vu l’eau la plus claire de ma vie, avec une visibilité infinie. En 5 jours, j’ai pu voir des dauphins, des raies Manta, des tortues de mer, des bébés requins, des poissons de toutes les couleurs. Le point négatif ? J’ai perdu ma GoPro 2 semaines plus tôt. Toutes ces images n’existent que dans ma mémoire.
Au fil des jours, je plongeais de plus en plus profond en visant un point précis dans l’eau transparente. C’est le jour précis où j’ai atteins ce que j’estime être 15m de profondeur que j’ai décidé que je prendrai des cours à l’avenir.
Février 2024, je termine mon 9ème mois en Nouvelle-Zélande après une année de course à pied fructueuse. Je viens de terminer la randonnée du Te Araroa ainsi que mon premier trail de 100 miles et j’ai besoin d’un nouvel objectif personnel et sportif.
Besoin d’un nouveau souffle
Deux possibilités s’offrent à moi : rester 3 mois supplémentaires en Nouvelle-Zélande pour renflouer mon compte en banque en travaillant ou continuer de voyager dans une destination avec un coût de la vie inférieur. Le freediving refait surface dans mon esprit. Veuillez noter ce jeu de mots incroyable. Dans 3 mois, je vais rentrer en France et je me dis alors que c’est maintenant ou jamais si je veux découvrir ce sport incroyable.
En quelques jours, je réserve mon billet d’avion direction la Thaïlande avec comme projet de retourner à Koh Tao pour plusieurs semaines afin de passer le niveau « Master » en apnée. Il m’aura fallu 10 ans pour me décider mais il n’est jamais trop tard pour commencer une activité.
4 composantes
Je fais du sport pour tester mes capacités, suivre une progression et repousser mes limites. L’apnée est un sport complexe et fascinant qui présente une multitude d’aspects sur lesquels on peut travailler pour s’améliorer. Il y a tellement de points d’amélioration à considérer que la quête de la perfection semble éternelle dans ce sport.
Physique
La condition physique a un rôle sur les performances et sur l’aisance en freediving. La force, la flexibilité, et l’endurance musculaire/cardiovasculaire sont tant de paramètres qui influencent le niveau d’un apnéiste.
Physiologique
définition : Partie de la biologie qui étudie les fonctions et les propriétés des organes et des tissus des êtres vivants
Un travail régulier d’apnée va permettre de renforcer les muscles respiratoires (diaphragme, intercostaux), améliorer la durée de confort sans respirer, augmenter la capacité à utiliser l’oxygène, la résistance à la pression en profondeur, etc.
Psychologique
Vaste sujet que la préparation mentale dans l’apnée, le sport et la vie en générale. Cela étant dit, il existe des techniques de relaxation et de concentration pour gérer le stress et l’anxiété associés à la plongée en apnée. La méditation, la visualisation et la pratique de techniques de relaxation peuvent être utiles pour calmer l’esprit et améliorer la performance.
Il est essentiel d’être positif et de se dire qu’on va réussir quand on commence une apnée. La confiance se construit progressivement en augmentant la distance/profondeur.
Technique
La capacité à se mouvoir efficacement et sans effort dans l’eau nécessite un nombre incalculable d’heures d’entrainement. Une bonne technique permet de maintenir une position hydrodynamique prolongée au cours d’une plongée en apnée. Cela est valable pour la distance et la profondeur.
Sensations statique
La statique est une discipline que tout le monde n’apprécie pas forcément. Je vois ça comme un voyage de l’esprit. Sans une relaxation maximale du corps et de l’esprit, le voyage se transforme en bataille et l’apnée devient un enfer. Grâce à un entrainement de course à pied assez intensif, je pense que mes capacités cardiovasculaires sont bien développées. Cela me permet d’avoir un niveau honnête pour un débutant. Dès le premier jour d’entrainement, j’atteins 3 minutes. HÉ OUAIS LES GARS, PAS MAL HEIN ?!
Il existe différentes techniques de relaxation et chacun est libre d’en essayer plusieurs pour trouver ce qui fonctionne le mieux pour lui. Pour ma part, j’aime me remémorer des instants heureux et penser aux gens que j’aime. J’ai aussi essayé de me focaliser sur le goût des gouttes d’eau dans ma bouche ou de me projeter dans un endroit incroyable en randonnée. Une méthode préconisée consiste à scanner son corps entièrement en faisant en sorte de relaxer chaque muscle, des pieds à la tête. Le but est de canaliser son esprit pour éviter que les pensées ne fusent. On ne veut pas cogiter car au repos, le cerveau utilise 20% de l’oxygène du corps.
Sensations en dynamique
La dynamique est la discipline que j’apprécie le moins. Surement parce que je n’ai jamais été un très bon nageur. L’important est de réussir à avoir une technique efficace en conservant une position hydrodynamique. Chaque mouvement consomme de l’oxygène et nous n’en avons pas à gâcher. Une mauvaise position et des mouvements non-maitrisés ralentissent la glisse dans l’eau.
Les meilleurs apnéistes dynamiques du monde sont capables de couvrir plus de 200m sans respirer en palmant. Pourtant, après 40m, mon cerveau me lance déjà des messages d’alerte.
Sensations en profondeur
Quand j’effectue mes toutes premières plongées, c’est un peu la pagaille. Il faut penser à ne pas regarder en haut ou en bas pour rester fixé sur la corde, il ne faut pas aller trop vite, veiller à conserver une bonne technique.
En même temps, il faut bien égaliser ses oreilles et si tu te loupes, il faut faire demi-tour car la douleur peut devenir très intense si tu forces. Au fur et à mesure de la descente, les poumons se compriment et la sensation de pression augmente. Rien d’insupportable, je trouve même ça plaisant, mais c’est perturbant quand même.
Entre 0 et 10m de profondeur, notre corps flotte et remonte à la surface si on ne fait rien. À 10 mètres, on a une flottabilité neutre. Au delà, on commence naturellement à couler. Notre corps prend de la vitesse à la descente et autour de 25 m de pronfondeur on ressent réellement la sensation de chute libre. Être aspiré par la profondeur tout en ayant la sensation de maîtriser, c’est très plaisant.
Anecdote
Quand on s’apprête à effectuer une plongée en poids constant (en palmant), il faut effectuer un « duck dive » ou plongeon « canard ». Cela consiste à s’allonger à la surface de l’eau puis d’immerger la tête puis le buste à 90° avec les jambes pour commencer la descente. Bien réalisé, la manoeuvre est fluide et silencieuse.
Avant de savoir que le corps entier coulait à la verticale une fois le buste dans l’eau, je faisais de grands gestes pour me retourner énergiquement. Aussi, ma technique de nage étant mauvaise, je ne descendais pas verticalement mais plutôt en diagonale, sans savoir comment corriger ma position. L’instructrice s’est tellement moqué de ma technique comme une idiote, au lieu de me conseiller, que j’étais content de changer de centre de plongée à l’issu du niveau 1…
Conclusion
À la fin des 3 premiers jours, je termine la formation « freediver ». Je suis capable de retenir ma respiration au moins 3 minutes, je peux nager 40m sous l’eau sans problème et je sais descendre facilement à 20m de profondeur avec une très mauvaise technique.
Maintenant, je suis convaincu que ce sport va me plaire et je veux me perfectionner. Comme je l’ai dit plus haut, il y a une multitude d’aspects sur lesquels on peut travailler pour s’améliorer. En restant 6 semaines à Koh Tao, je vais pouvoir beaucoup progresser, en tout cas je l’espère ! Dans le prochain article, je vous raconterai ces semaines de formation !
Si tu as des questions ou des remarques, n’hésite pas à laisser un commentaire !