BIKEPACKING
en route vers Amsterdam
Quoi de mieux qu’une sortie vélo quand le soleil pointe le bout de son nez dans le plat pays ? À part une bière en terrasse, je ne vois pas. Pour rendre la bière encore meilleure, j’ai décidé de partir 3 jours en bikepacking jusqu’à Amsterdam.
Temps de lecture estimé : 7 minutes.
Pour venir compléter ce premier article sur le voyage à vélo, laissez-moi vous raconter les 3 jours de bikepacking qui m’ont mené de la frontière franco-belge jusqu’à Amsterdam.
Le bikepacking : présentation
S’il fallait le définir, le bikepacking serait une sous-catégorie du voyage à vélo. C’est au vélo ce que le fastpacking est à la randonnée : une variante plus légère, moins encombrante et plus rapide. Au lieu de partir avec un vélo robuste mais un peu lourd, on privilégie le vélo de route ou le gravel.
S’il fallait personnifier le voyage à vélo, ça serait un couple de néerlandais en sandales qui sillonne les routes sur un gros vélo avec des grosses sacoches qui contiennent du matériel pour les 4 saisons. Le fastpacking, c’est pour ta cousine sportive qui n’a pas envie de se trainer dans les pentes des routes de montagne et qui n’a pas peur de ne pas se laver le soir. Cliché ? Oui.
Contexte
Le printemps 2024 n’est pas des plus ensoleillés et il faut profiter de chaque éclaircie. N’étant pas encore retourné travailler, je sais que mes jours de liberté sont comptés et que bientôt, avoir du temps libre sera un luxe. Suite à la randonnée Te Araroa en Nouvelle-Zélande, j’ai acquis de l’expérience et du matériel de camping de qualité. Je n’ai pas eu l’occasion de faire beaucoup de vélo de route ces dernières années car j’ai beaucoup voyagé. Je ne me plains pas, je constate. J’ai rencontré beaucoup de monde dans ma vie mais il est parfois compliqué de garder contact. Parfois, il faut créer les occasions plutôt que d’attendre qu’elles se présentent.
En prenant en compte tous ces paramètres, j’ai décidé de mettre à profit les 3 jours de soleil qui se sont présentés à moi en ce mois de Juin. Ressortant des tiroirs de ma mémoire un projet jamais accompli : rejoindre Amsterdam, capitale Européenne (mondiale?) du vélo, depuis la France.
En 2022, j’avais eu cette idée avant de me commencer le GR20, mais faute de temps, je n’étais allé qu’en Belgique vers Bruges. Cette fois-ci, je suis mieux préparé et je me lance sereinement.
Première Étape : prévoir le trajet
La Belgique et les Pays-Bas étant des pays cyclistes-friendly, il existe un réseau de pistes cyclables conséquent. La Belgique dispose même de ce site internet très pratique. En 2-3 recherches rapides sur internet, je suis tombé sur des agences qui proposent des trajets à vélo pour le tourisme avec des itinéraires précis. Je m’en suis inspiré pour construire le mien.
Pour faire simple, c’est tout droit en passant par les grandes villes :
J’ai jugé que 3 jours était la durée nécessaire pour parcourir les 380km. Je prévois la première nuit à Bruxelles, seconde nuit de camping à proximité de Rotterdam et arrivée à Amsterdam le dernier jour.
Jour 1 : Maubeuge-Bruxelles
À Bruxelles, j’ai la chance d’être accueilli par mon ancienne colocataire d’Erasmus Manon. On ne s’est pas vu depuis 5 ans, et c’est une bonne occasion pour prendre des nouvelles. De ce fait, je planifie d’arriver assez tôt sur place. Pour gagner du temps, je me rends à Maubeuge en train, pour commencer au plus proche de la frontière Belge.
En passant uniquement par les pistes cyclables proposées par Google Maps, il ne me faut même pas 4h30 pour parcourir les 90km. Le plat pays ne déçoit pas, aucune difficulté sur la route et météo clémente.
Sur la route, je traverse les villes de Binche et La Louvière dans lesquelles on peut sentir l’odeur de frite dans le centre-ville. En longeant les canaux, on atteint Tubize puis Hal et enfin Bruxelles. Les Belges aiment les pavés, mon vélo non. Ça a au moins le mérite de donner du charme à leurs villes.
En arrivant dans la capitale, je prends des photos de mon beau vélo sur la place de la bourse, je rends visite à Manneken Pis et il est déjà l’heure de l’apéro !
Jour 2 : Bruxelles-La Haye
Ce soir, je ne sais pas vraiment où je dors. La seule condition, il me faut une surface de pelouse de 1m x 2m. Je quitte Bruxelles à 11h du matin avec l’intention de m’arrêter à la nuit tombée.
En 2h de piste cyclable, j’atteins Anvers et son centre-ville pavé, encore. Le ciel se couvre, je ne m’attarde pas plus de 30 minutes. Je prends la direction de Berg-op-Zoom d’après les recommandations de forums sur internet. Comme depuis le début, les km défilent.
Au fil de la journée, je me mets en tête de dépasser Rotterdam afin de pouvoir avoir une petite journée jusqu’à Amsterdam le lendemain. Par expérience, je commence à peiner quand j’atteins 140km car je ne fais pas souvent ces distances là. Étonnement, aujourd’hui tout va bien. En arrivant à Rotterdam, je mange mon premier repas depuis le petit-déjeuner. Comme je ne roule pas très vite, environ 20km/h, je ne ressens aucune fatigue. En remontant sur mon vélo vers 20h, j’ai l’impression de commencer ma journée. Dans ma tête, remercie Alex de m’avoir permis de renforcer mes petites cuisses grâce à la randonnée.
Opération bivouac
L’heure est venue de commencer à chercher un endroit où je pourrais dormir. À 21h, j’atteins La Haye et je repère un parc au nord de la ville, le long de la plage. A l’extérieur de l’agglomération, le long d’un piste cyclable inaccessible en voiture et suffisamment loin pour limiter le nombre de piéton, ça me semble être l’endroit idéal pour bivouaquer. En roulant sur la piste, chaque bas-côté me parait être une bonne option mais j’aime me cacher. J’emprunte un petit chemin sur ma gauche pour accéder entre les dunes de sable et je tombe sur un petit carré d’herbe avec un banc.
J’approche les 190km au compteur : c’est la plus grosse journée de vélo de ma vie. J’aurais aimé dépasser les 200km mais il est 22h passé, le soleil est couché et il ne me reste que 30 à 40 minutes de lumière du jour. Ainsi, je m’arrête, attache mon beau vélo au banc et installe mon camp. Je suis content d’avoir pu avancer le plus possible pour arriver tôt à Amsterdam demain puisque la journée s’annonce ensoleillée.
Jour 3 : La Haye-Amsterdam
Anecdote
Vers 8h du matin, je suis réveillé par les rayons du soleil qui viennent réchauffer la toile de mon sac de bivouac. Je sors la tête, personne à l’horizon, et j’ai passé une bonne nuit. En commençant à plier bagage, une dame d’environ 70 ans arrive à pied par le chemin de randonnée. Elle me demande en Néerlandais puis en Anglais si j’ai dormi ici. Tout sourire, je lui réponds que oui.
« Il est totalement INTERDIT de faire du camping sauvage aux Pays-Bas ! » me dit-elle. Je lui explique que je pensais que le bivouac était toléré. Je suis arrivé à 22h passé, après le coucher du soleil, et je repars dans 15 minutes. Elle insiste « Eh bien non. C’est totalement INTERDIT de faire du camping sauvage aux Pays-Bas. BIG DOG ! Big dog ! ». Elle s’arrête 5 m plus loin et sort son smartphone. Pour me photographier ? Pour appeler la police ? Nous ne saurons jamais car 10 minutes plus tard, j’étais parti : à 8h13
En repartant, je me suis posé des questions : Pourquoi cette femme, qui n’est absolument pas importunée par ma présence, est-elle aussi agressive ? Est-ce que mes proches auraient pu réagir comme elle ? Est-ce que moi aussi je vais devenir un vieux con aigri ? L’avenir nous le dira, mais s’il y a une chose à retenir de cette rencontre : soyez ouvert, accueillant, souriant. Au final, elle repart énervée et moi aussi, on est tous les 2 perdants.
Le paradis du vélo
Ce matin, je rejoins mon amie Noelia sur le chemin et nous faisons la route ensemble jusqu’à Amsterdam. Tout le chemin le long de la côte est une longue piste cyclable. Depuis Maubeuge, de toute façon, je n’ai fait que de la piste cyclable et je trouve ça incroyable.
Après un petit déj en bord de mer à Zandvoort, nous reprenons tranquillement la route vers la capitale via Haarlem. La densité de cycliste augmente. Nous croisons d’abord les vrais rouleurs avec des vélos qui coutent le prix d’une Twingo puis les citadins avec des vélos en tout genre.
Au bout de 380km en 3 jours, j’atteins enfin Amsterdam et ses canaux. C’est la fin d’un court périple qui m’aura permis de revoir des amis et de ressortir mon matériel de voyage que j’aime tant.
Bilan
Pour profiter de la balade, il est nécessaire de prendre en compte quelques impératifs :
- Il faut savoir où on va et être prêt à changer d’itinéraire si nécessaire. Je navigue avec Google Maps et heureusement pour moi, la Belgique et les Pays-Bas disposent de pistes cyclables en bon état un peu partout, même le long des routes nationales. Parfois, Google nous fait emprunter des chemins de terre presque impraticables avec un vélo de route. Il faut le savoir et faire demi-tour ou porter son vélo si nécessaire (expérience).
- Les fesses sont généralement le facteur limitant sur les grosses sorties et surtout pendant plusieurs jours consécutifs. Cette fois-ci, je suis parti avec un cuissard de vélo neuf, une sur-selle en mousse ET de la crème anti-frottement. Ce n’est pas glamour, mais sans crème anti-frottement, on est parfois incapable de s’assoir le deuxième jour (expérience).
- Avec du bon matériel, tout est plus facile. Je pense au support de téléphone (Quadlock), au matériel de bivouac léger et compact, au vélo en bon état. Il n’est pas obligatoire d’avoir le top du top mais avoir confiance en son matos permet de se retirer un peu de pression.
Si tu as des questions ou des remarques, n’hésite pas à laisser un commentaire !