BIKEPACKING
le voyage à vélo, bon pour le corps, bon pour l’esprit
Il existe plein de manières différentes de voyager. On peut partir à pied, en voiture, en transports en commun, faire du stop, partir en avion ou même en bateau, mais un de mes moyens de transport favori, c’est le vélo. A vélo, on va plus vite qu’à pied mais on profite mieux du paysage qu’en voiture. A vélo, on peut aller où on veut alors qu’en bus on connait toujours la destination. En bikepacking, on fait attention à la météo, on sait apprécier le vent dans le dos et on mérite sa pause. Le vélo c’est simple, c’est économique et tout le monde en a un.
J’ai souvent pensé que dépaysement allait avec distance. Du coup, je suis déjà allé en Inde mais pas en Bretagne par exemple. En grandissant, j’ai découvert la flexibilité qu’on avait en se déplaçant à vélo. J’ai appris à apprécier l’effort puis j’ai découvert qu’il ne fallait pas aller bien loin pour être dépaysé.
Prémices
A l’époque du collège puis au lycée, j’avais pris l’habitude de me rendre chez mes amis à vélo pendant les vacances. Ça évitait à mes parents de prendre la voiture et moi je faisais du sport en même temps. Mike Horn dit qu’il a découvert la sensation de liberté quand il a eu son premier vélo. Je suis assez d’accord avec ça.
En grandissant, j’ai voulu augmenter les distances pour voir jusqu’où je pouvais aller. Lors de ma première année d’étude, j’ai tenté de me rendre à mon logement étudiant depuis chez mes parents à vélo : mon premier 80km. A l’époque, en VTT avec un énorme sac de randonnée et 5 sandwichs dans les bagages. Pas de recherche de vitesse ce jour là, aucun record à battre. C’était moi contre le vent…
Comme je n’avais pas prévu d’alternative, je n’avais pas d’autres choix que d’aller au bout. Vent de face du début à la fin, ça forge la résistance. En arrivant à la gare, j’ai rendez-vous avec un ami sur le parvis de la gare d’Amiens. Je marche à côté d’une dame en fauteuil roulant en poussant mon vélo. « Profitez-en, moi aussi j’aimais faire du vélo quand j’étais jeune ! » me dit-elle avec un large sourire – « Je fais de mon mieux », un peu gêné. Deux jours plus tard, j’effectuerai le retour en seulement 3h30. Les 3/4 du temps sans tenir le guidon et en sifflotant, libre comme l’air. Régulièrement, quand je cours ou quand je roule, je pense à cette dame.
Mon premier vélo de route
L’été suivant, j’investis dans un vélo de route moyenne gamme en aluminium. Plus léger, plus rapide, plus plaisant qu’un VTT sur la route. J’entreprends le même trajet, mais avec la ferme intention d’aller plus vite cette fois-ci. Pas d’énorme sac de randonnée ou les 5 sandwichs, le plus léger possible et des barres de céréales à la place. Au bout de 60km, je me fais renverser par une dame qui démarre à une intersection.
Naturellement, elle a regardé si des voitures arrivaient mais le petit vélo ne lui a pas sauté aux yeux. A la place, il a sauté sur son capot ! Rien de grave, elle insiste tout de même pour que je prenne son numéro de téléphone au cas où j’ai un problème suite à la chute. En changeant de vitesse un peu plus loin, mon dérailleur se pliera et un homme me prendra en stop jusqu’à Amiens. La dame, très gentille, prendra en charge tous les frais. Ce jour-là, j’ai appris une nouvelle chose : toujours regarder les automobilistes dans les yeux aux intersections avant de s’engager, et le casque c’est oui !
Première aventure
En arrivant en école d’ingénieur à Strasbourg, je veux pousser encore plus loin. Cette fois, j’ai décidé de faire le trajet jusqu’en Picardie à vélo plutôt qu’en train, à la fin de l’année scolaire : 5 jours de trajet pour 450km. J’ai toujours le même vélo de route en aluminium et avec un nouveau dérailleur, des prolongateurs de triathlon sur le guidon avec une tente accrochée dessus et un petit sac à dos. Je ne veux pas de grosse sacoche sur un porte bagage. J’aime l’idée d’être assez léger pour aller vite. Dans un camping en fin de journée, je tombe sur 2 cyclistes qui utilisent des sacoches de la marque APIDURA, qui s’accrochent à la selle permettant de conserver l’aérodynamisme du vélo et surtout de ne pas avoir de sac sur le dos.
Jusqu’à maintenant, je n’avais jamais enchainé plus de 50 km 2 jours consécutifs. Je comprends l’interêt d’avoir une cuissard de qualité. Je comprends aussi pourquoi les meilleurs vestes de pluie coutent si chers : la mienne ne résiste pas longtemps. D’ailleurs, je ferai même un tronçon de 50km en train pour échapper à une averse. D’un autre côté, je me mets à apprécier les choses simples du voyage à vélo : arriver à destination, installer la tente est ouvrir une canette de bière fraiche. La boisson est toujours meilleure après 100km. Cette semaine de vélo me permet de me rendre compte que « dans un voyage ce n’est pas la destination qui compte mais toujours le chemin parcouru, et les détours surtout ». J’aurais aimé inventer cette citation, mais non, c’est Philippe Pollet-Villard. J’ai vérifié.
Des souvenirs pleins la tête
En 2019, je suis en stage de fin d’études à Bordeaux. Comme lors de mes études à Strasbourg, j’ai en tête d’effectuer la route jusqu’en Picardie à vélo. Pour cette aventure d’environ 10 jours, j’investis dans une sacoche de selle et un petit sac de cadre ZEFAL, la tente toujours fixée sur les prolongateurs. Pour tester le matériel, j’envisage un trip sur 2 jours de Bordeaux jusqu’à l’Estuaire de la Gironde aller-retour.
Avec le temps, j’ai beaucoup progressé à vélo, j’ai été livreur de repas à vélo à Strasbourg pendant plusieurs mois et j’ai participé à 2 triathlons longues distances. Je veux donc tenter de faire 2 fois 140 km en 2 jours, avec le vélo légèrement chargé. Je pars avec la tente sur le guidon, le sac sous la selle, la petite sacoche de cadre et… c’est tout ! Le premier jour se passe bien, j’apprends tout de même qu’une chambre à air peut se percer d’un coup si on saute un trottoir avec 2kg sur le guidon. En arrivant près de l’Estuaire, je croise des dizaines de vans garés le long de la plage : la liberté avec encore plus de confort. Le 2ème jour sera bien plus compliqué, assommé par la chaleur caniculaire.
Heureusement, je ferai la rencontre d’un couple, parti sur un voyage à vélo en tandem. Ils m’aideront à avancer pendant de nombreux kilomètres, me prouvant une nouvelle fois que quand on veut, on peut. Conclusion : Enchainer +140km pendant plusieurs jours et avec un vélo chargé est impossible avec ma forme actuelle. Bon à savoir avant de traverser la France.
La Grande Aventure
Pour la grande aventure, je propose à mon compère de stage Stéphane de m’accompagner, il vient de région Parisienne. Il a un vélo de route des années 70 mais il fait 100 km par semaine depuis 5 mois pour aller travailler : une bonne base physique. Il accepte et ensemble nous traversons la France en 10 jours, dont 9 à rouler de village en village, en prenant le temps de s’arrêter régulièrement faire des photos.
Pour la première fois de ma vie, et parce que nous sommes à 2, j’ose poser la tente en dehors des campings. Une fois près d’un terrain de foot, puis en plein milieu d’un village de 100 habitants et ensuite en bord de piste cyclable : je me rends compte que 2 cyclistes et une tente ne dérange personne. Un pas de plus vers la liberté. Nous alternons une nuit de bivouac et une nuit en camping pour pouvoir se laver, quand même, un peu. Nouvel apprentissage lors de ce voyage : le bivouac c’est cool, la crême anti-frottement sur les fesses aussi, et la crême de récupération sur les cuisses ça fait des miracles, voilà.
Les Flandres
Les années passent et je me rends compte que je ne suis jamais vraiment allé en Belgique alors que j’habite à la frontière. Une nouvelle fois, l’idée de partir à vélo me tente plus que de partir en train ou en bus. L’inconvénient quand on part sans moyen de locomotion, c’est qu’on se retrouve vite coincé dans les villes et c’est parfois frustrant de louper des choses parce qu’elles sont difficilement accessibles.
Quelques semaines auparavant, j’ai testé le sur-sac de couchage sur THE VANGUARD WAY. Je vois cela comme une toile de tente mais sans les arceaux et les piquets. Ainsi, je peux même me permettre de ne pas prendre les prolongateurs et la tente pour économiser encore du poids. C’est idéal pour une courte balade lorsqu’on veut partir léger. J’ai 4 jours devant moi et je prends la direction de Bruges. Cette sortie m’emmènera à Lille, puis Bruges, la côte Belge et enfin un retour en Picardie.
Liberté
Le voyage à vélo est pour moi synonyme de liberté. Une fois l’équipement acheté, le coût est très faible. Du printemps à l’automne en France, les semaines ensoleillées permettent de profiter librement des paysages, à son rythme, sans se presser. Personnellement, j’essaie de couvrir des longues distances et le côté sportif me procure de la satisfaction supplémentaire. Dans le cas de la Belgique, j’ai par exemple utilisé cette semaine pour me remettre en forme avant le GR20, après plusieurs semaines de coupure. Selon moi, les avantages de voyager à vélo dépassent largement les inconvénients.
Pour les plus intéressés, la chaine Youtube de Iohan Gueorguiev est une belle source d’inspiration, tout comme le film « Pedal the World » de Felix Starck. Bonne route !
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