ASICS SAINTÉLYON 2024
la revanche
Six ans après ma première participation à la Saintélyon, l’heure de la revanche a sonné ! Cette fois-ci, je suis venu pour vaincre ce parcours qui m’a tant fait souffrir la première fois. « ÇA VA BARDER » !
Temps de lecture estimé : 9 minutes.
La Saintélyon, c’est quoi ?
La doyenne, comme on l’appelle, est l’une des plus anciennes courses nature de France. En 2024, elle fête d’ailleurs ses 70 ans. La Saintélyon est une course qui relie Saint-Étienne à Lyon à pied. Au fil des années, plusieurs formats se sont développés, et ils sont désormais au nombre de 8, allant de 13 à 164 km, en solo ou en relais.
Sa particularité ? La course se déroule de nuit et surtout en hiver ! On connaît la date, mais on ne connaît jamais la météo. C’est ce qui fait son charme. On ne sait jamais à quelle sauce on va être mangé. Parfois il pleut, parfois il gèle, et les chanceux ont même droit à de la neige.
Pour en savoir plus sur l’événement et vous inscrire pour l’année prochaine, rendez-vous sur le site de l’organisation.
Contexte
2017, je participe à mon premier trail à l’occasion du trail des Sources de la Somme. C’est un 19 km facile que je fais en lendemain de soirée. Je termine en marchant car je ne suis pas encore familier des « cacas fougères ».
2018, mon ami Julien me propose un trail « facile » (pour lui). 82km entre Saint-Étienne et Lyon. « Il n’y a pas beaucoup de dénivelé », me dit-il. Par contre c’est en hiver et de nuit. C’est un beau défi. Pour l’occasion, j’achète ma première paire de chaussures de trail, des Hoka Speedgoat 2. Julien me prête un sac Salomon rouge et me conseille des entraînements. De septembre à décembre, je cours 520km à l’entraînement pour 5000m de dénivelé. Quelques sorties de 20km et une de 40km. À l’époque, je trouve ça fou. Au final, ça ne l’est pas.
Pour ma première Saintélyon en 2018, il pleut toute la nuit, jusqu’à 6h. C’est un supplice, mais je tiens bon. Je marche plus de 50 km des 82 km de la course. Il me faudra 14h33 pour terminer et je me promets de revenir avec un meilleur niveau, comme après mon premier marathon de Paris.
Objectif
2024, je suis un coureur aguerri, ça va barder. Après un 100 km satisfaisant sur route le 12 octobre à l’occasion des Championnats de France, je suis prêt à enchaîner avec la Saintélyon 7 semaines plus tard. Je ne fais pas de prépa spécifique, je compte réellement sur mon expérience. Sur les 4 semaines précédant la course, je fais 300km, 0 dénivelé et une seule sortie de 20km. C’est peu pour performer mais c’est bien plus qu’en 2018 quand même.
Pour le symbole, j’aimerais diviser mon chrono par 2, soit 7h16’30. Plus sérieusement, je pense avoir le niveau pour approcher 8h. Dans tous les cas, je veux courir la course de bout en bout et ne pas subir comme la première fois. Je veux maîtriser la course, pas qu’elle me maîtrise.
L’attente à Saint-Étienne
J’arrive tôt au Parc des Expositions de Saint-Étienne. Je ne me vois pas patienter à Lyon, je préfère être sur place et essayer de dormir avant le départ. Mon ami Rémi, qui est présent pour sa première participation, me rejoint et nous faisons la sieste. (Petit tip : La playlist « Peaceful Piano » sur Spotify est ma solution pour dormir en toutes circonstances.)
Il y a 6 SAS de départ cette année et j’ai la chance d’être devant dans le SAS « Performance ». C’est d’ailleurs un très gros flex. Ainsi, je peux prendre mon temps pour sortir du Parc des Expositions car je suis sûr d’éviter la cohue. Une heure avant le départ, après être passé deux fois aux toilettes, comme toujours, je rejoins Julian qui court la LyonSaintéLyon. Il a bouclé l’aller « tranquillement » en 10h30. En l’écrivant, je suis encore impressionné. Nous partons dans le même SAS, ça tombe très bien.
À 15 minutes du départ, j’avale un Smecta, nous laissons nos affaires à la consigne et nous voilà prêts à sortir.
Départ prudent
La météo est de notre côté cette année. Il ne gèle pas au départ, pas de vent, pas de pluie annoncée, pas de neige non plus. Je pense sincèrement que ce sont les meilleures conditions des 15 dernières années. Quand on parle avec des gens qui ont déjà participé, on a l’impression qu’ils ont tous vécu la pire édition ever. Clairement, ce n’est pas le cas pour 2024.
23h45, le départ est donné avec un léger retard. Je pars prudemment avec Julian. Même si j’ai annoncé des chronos ambitieux, je veux me faire plaisir et surtout ne pas exploser aux 3/4 de la course.
Malgré l’avantage du SAS Préférentiel, on est tout de même les uns sur les autres sur les premiers kilomètres. Je double beaucoup de gens avec un dossard jaune, coureurs de la LyonSaintéLyon. Les kilomètres défilent et j’arrive au premier ravitaillement autour de 20km en 2h05. Je suis bien plus lent que l’allure qu’il faudrait pour finir en 8h, et ça m’est un peu égal. Je me sens bien alors qu’en 2018 j’étais déjà explosé à 15km. Au ravito, je remplis une flasque d’eau, je prends une demi-banane et je repars. Le prochain est dans 13km.
Passage à vide
J’avoue que la foule ne désemplit pas beaucoup. Je n’imagine même pas pour ceux qui sont derrière, dans le gros du pack. À ce moment là, je suis autour de la 800ème place. Je continue mon petit bonhomme de chemin en buvant régulièrement avec un gel par heure.
Au bout de 25km, je me demande réellement ce que je fous là. Il fait nuit, il n’y a aucun panorama, je commence à avoir des ampoules. En fait, je me dis que cette course est vraiment sans intérêt. Ça sera mon seul « down » de la course.
J’arrive à Sainte-Catherine en 3h33. Il fait un peu froid. S’il y a bien un ravito où il ne faut pas traîner, c’est celui-ci. Je ne prends même pas la peine de remplir mes flasques (grossière erreur) et je repars avec un thé chaud, une banane et 3 bonbons dans les mains.
Le renouveau
La veille, j’ai fait une petite blague à mes amis : tous les ans, Sylvaine Cussot tourne autour de 8h sur la Saintélyon. Pour finir avec un chrono honnête, il suffit de la suivre. Imaginez ma surprise quand je suis revenu sur Sissi à la mi-course, en bas de la plus grosse montée vers Le Signal ! Elle semble en difficulté. Moi aussi, je commence à peiner, la faute à 2 ampoules au talon causées par des chaussures trop rigides. Je passe devant elle mais doubler dans cette côte trop étroite est difficile. Je me cale derrière un gars et j’avance à son rythme. Dans cette rude montée, je réalise comme un bouffon que mes flasques d’eau sont vides. Il reste 8km jusqu’au prochain ravitaillement, ça va être chaud.
Il gèle légèrement dans les monts du Lyonnais. Le chemin est un peu gelé par endroits et l’herbe a blanchi. La météo est vraiment idéale. Bien que très très prudent dans les descentes, je reprends du monde.
La chasse est ouverte
Quand j’arrive à Saint-Genou, le plus dur est passé. Je suis déshydraté mais j’ai repris environ 150 personnes. Soudain, j’entends du monde s’agiter derrière moi :
C’est ce diable de Marine Vax, ton instagrameuse préférée, qui vient de me doubler à toute berzingue. Je la reconnais facilement, car ses tresses à la Sean Paul de 2005 volent au vent. Elle participe à la course en relais, porte un dossard rouge et elle s’arrête au prochain ravito à Soucieu-en-Jarrest, dans 13 km. Je me dis que je peux tenter de la rattraper pour courir avec quelqu’un et casser la monotonie.
Je prends 3 minutes pour me ravitailler convenablement : 2 flasques, 2 verres de Coca et des bonbons. En repartant, je pars en chasse de Mvrunaccount. Je ne ménage pas mon effort, je cours à plat, en descente et même en montée. Au loin, je cherche des tresses et un dossard rouge. Je reprends encore beaucoup de monde. Un mec me dit même : « Tu peux arrêter de courir, tu sais ! »
Alors que la course est vraiment monotone depuis le début et que je suis en gestion totale, je sens enfin un moment d’excitation. Dans une descente, c’est Sissi Cussot qui me double à pleine balle. Elle a repris du poil de la bête et je lui emboîte le pas. En 13 km, j’ai encore repris plus de 100 personnes. Entre le 20e et le 60e km, je suis passé de la 804e à la 336e place au classement. Pour autant, je n’ai jamais rattrapé Marine.
Pacing is caring
Dans le gymnase, Sean Paul est introuvable. La batterie de ma frontale est un peu faible et il faut absolument que je sorte ma lampe de secours rangée au fond du sac. Le chasuble de la Saintelyon est abominable à retirer rapidement et je perds plusieurs minutes. Au passage, mes 2 ampoules au talon me font vraiment souffrir en montée. Heureusement, il ne reste quasiment que de la descente. Entre le 61 et le 68, il n’y a presque que de la route et je trottine avec Clément. Comme moi, il en a un peu marre mais on se motive, la fin est proche !
À 200m du dernier ravito, mes amis Elliot et Paul du Kenya me font la surprise d’être là, et ils ont pris leurs baskets ! C’est énorme et j’ai droit à un PACING de haut vol pour terminer la course. Le jour se lève et le temps passe beaucoup plus vite quand on discute. Je sors du gymnase de Chaponost en 7h30, il reste 14km. Si tout va bien, je devrais terminer sous les 9h.
Dernière ligne droite
En sortant, nous rattrapons Sissi une nouvelle fois. De très bonne humeur, je me permets 2-3 petites blagues. Je lui demande comment elle se motive pour revenir tous les ans depuis 10 ans ! C’est la Rafael Nadal de la Sainté et je suis admiratif.
Alors que nous approchons Lyon, il ne reste qu’une seule difficulté : la côte de l’aqueduc du Gier, 300m à 20% sur du bitume. Dans l’euphorie, on se paye même le luxe de trottiner le haut de la montée. Je regarde toujours ma montre pour être sûr de ne pas rater les 9h mais il n’y aura pas de problème cette fois-ci. Nous passons la ligne tous les 3 après 8h54 d’effort, personnellement pas peu fier d’avoir tout couru sauf les montées.
À l’arrivée, je tombe sur Valentine et Maxime rencontrés à Chamonix lors de l’UTMB cet été. Elle termine 14ème femme en 8h40 alors qu’il a bouclé l’affaire en 8h09 : ÇA CAUSE !
Bilan
Il n’y aura pas eu de sub 8h pour moi et encore moins de 7h16. Pour une fois, le chrono m’importe peu. Sans prépa spécifique, je suis très satisfait d’avoir pu vaincre cette Saintélyon. À l’arrivée, je me suis dit que je n’y retournerai plus. À l’arrivée, je me suis même dit que je n’étais pas assez costaud pour mériter l’UTMB, mon vrai objectif. Une semaine plus tard, j’ai changé d’avis et je vais tenter ma chance au tirage au sort une nouvelle fois pour l’UTMB 2025. Wish me luck.
Pour finir, merci à tous les bénévoles qui rendent les courses comme la Saintélyon possibles.
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