FASTPACKING
retour d’expérience sur le matériel
60 jours de randonnée en fastpacking, avec le moins de poids possible sur le dos, je pense être en mesure de faire un retour fiable et honnête de mon expérience. Cet article présente ce qui a fonctionné et ce qui peut être optimisé. Le but ? Aider un maximum de personne
Temps de lecture estimé : 8 minutes.
Cet article vient en complément de celui rédigé avant le départ : disponible ici
Le Te Araroa, petit rappel des faits
Le 5 décembre 2023, mon pote Alex et moi partions pour une aventure plus grosse que nous. Le projet initial, c’était de parcourir 3 000km en 60 jours, dont un peu de montagne. Un projet ambitieux qui nécessitait de la préparation.
Le Te Araroa ou TA est une randonnée qui traverse la Nouvelle-Zélande du Nord au Sud. Il permet de rallier Cape Reinga à Bluff. La distance sur l’île du Nord est de 1700km pour 1300km au Sud.
Mon matériel au départ
Pour nous faciliter la vie, nous sommes parti avec ce qui nous semblait être le minimum vital, respectivement. Alex est parti avec 5,5kg (hors nourriture et eau) alors que je suis parti avec un peu moins de 7,5kg. On se rend déjà bien compte que je n’étais pas au minimum en partant. Pas de panique, j’ai vite corrigé le tir.
Les choses non-essentielles
On a beau passer un temps illimité à se renseigner sur l’équipement parfait à emmener avec soi, rien ne vaut l’expérience !
Il n’a pas fallu longtemps pour déterminer quels éléments étaient les moins importants de mon sac. Dès la première section de 12 jours entre le Cape Reinga et Auckland, j’ai identifié 3 éléments inutiles ou améliorables de mon sac :
Le tarp et le drap
J’ai pris ce tarp pour être certain de rester au sec la nuit en cas de grosses averses. Après avoir vécu plusieurs mois à Auckland, j’ai vu à quel point la météo pouvait changer du tout au tout en Nouvelle-Zélande.
Sauf que cette bâche pèse 500g et une fois rangée, le cylindre fait environ la taille d’une bouteille d’1L. Ce poids et cet encombrement, c’est de la place perdue pour de la nourriture dont j’aurai besoin à l’avenir. Aussi, des bâtons de randonnée sont nécessaires pour le montage. Le problème, c’est que mes bâtons ne me servent pas beaucoup. J’ai l’impression de les transporter uniquement pour installer le tarp, que je n’utilise presque pas. (D’ailleurs, je vais casser mes 2 bâtons pendant la randonnée…). Pour couronner le tout, nous n’avons même pas eu de mauvais temps jusqu’à maintenant.
J’ai pris un drap de sac pour les nuits fraiches et également pour le côté hygiénique. C’est plus facile de laver un drap qu’un sac de couchage. Au final, on se lave tous les 4 jours donc l’hygiène n’est plus vraiment une bataille de tous les instants. Ainsi, je fais le choix de me délester du tarp et également du drap pour continuer l’aventure.
Solution :
Pour contourner le problème, il suffit d’être préparé et donc de se renseigner sur la météo. Ainsi, dans la mesure du possible, nous avons commencé à checker la météo. En cas de doute, nous planifions d’arriver à une hutte ou simplement de trouver un toit pour s’abriter. Cela pouvait être une aire de camping dans un parc, un appentis.
Au final, en 60 nuits, nous n’en avons passé qu’une seule dehors sous la pluie en pleine nature. C’était DE LOIN la pire, certes, mais à choisir je préfère ne pas porter cet élément qui n’aurait pu me servir qu’une seule fois.
Réchaud et popote
Dans mon esprit, il est logique de partir en randonnée avec un réchaud de camping et une popote. Tout le monde le fait, c’est incontournable.
Jusqu’à maintenant sur les 12 premiers jours, nous avons mangé pas mal de boîtes de conserves et sans nécessairement les faire chauffer : spaghettis, beans, thon. Une fois encore, je vois ça comme de la place perdue dans mon sac. Honnêtement, je savais que le plus important en partant était d’avoir le sac le plus petit et léger possible. Alex a seulement 25L, pas de popote et pas de problème. Je suis un peu jaloux parfois quand je le vois courir alors que je dois tenir mon sac avec mes bras dans le dos pour éviter qu’il ne gigote. Au final, je laisse le réchaud, la popote et le gaz avec le reste de mes affaires à Auckland.
Solution :
Manger froid ou le « cold soaking ». Cela consiste à réhydrater des aliments à froid au lieu de les faire chauffer, les imbiber en gros. Je ferai un article à part pour parler de la nourriture en rando et de mon retour d’expérience !
Veste de pluie
Last but not least ! Je suis parti en voyage avec une veste de randonnée efficace mais encombrante et assez lourde. Le meilleur choix pour ce type de randonnée en « fast packing », c’est une veste de trail. Pour faire simple, j’ai préféré investir un peu d’argent et être tranquille que me dire dans 50 jours « si j’avais su… », comme après le GR20 l’an passé.
Solution :
Je suis allé chez Asics, j’ai pris une paire de basket neuves et la meilleure veste de pluie du magasin et voilà. Bon, j’ai aussi fait cet achat en sachant que j’allais forcément réutiliser cette veste lors de mes sorties course à pied. Depuis plusieurs années, je pense à m’équiper d’une veste de trail et je ne fais que repousser car je me dis toujours que c’est non-essentiel. Voilà, j’ai enfin une bonne raison.
En me débarrassant de ces 3-4 choses encombrantes et non-essentielles, j’ai gagné de la place et surtout j’ai fait baisser le poids de base de mon sac de 1,5kg. C’est 20% de poids en moins et ce n’est pas du tout négligeable.
En discutant avec d’autres randonneurs, je me suis rendu compte que je pouvais encore réduire. Oui quand on veut, on peut toujours optimiser.
Anecdote
En abordant la section la plus dure de l’île du nord, les Tararua Ranges, nous avons fait la connaissance de Julien.
Julien est français, et il fait sûrement parti du top 3 des randonneurs minimalistes que nous avons rencontré. C’est simple, il ne possède qu’un exemplaire de chacun de ses vêtements. Oui oui, un seul caleçon qu’il ne porte que la nuit, une seule paire de chaussettes qu’il ne porte que le jour, un seul t-shirt à manches courtes, un seul short, un seul pantalon… Et vous savez quoi ? Quand on est habitué, ça suffit ! Oui il faut laver régulièrement, oui ça sent un peu mauvais parfois, oui on s’habitue, et non on ne regrette pas « d’avoir laissé cet extra tshirt à la maison. »
Pour les repas, c’est pareil : pas de réchaud, que des aliments froids. C’est d’ailleurs lui qui nous a dit qu’il était possible de réhydrater des nouilles Chinoises. Julien m’a même appris le terme de « cold soaking ».
Son petit extra à lui, c’est son appareil photo. Toutes ces économies de poids et de place lui permettent d’emmener son appareil photo sans galérer. Nous avons croisé d’autres randonneurs (coucou Jan), qui avaient énormément de matériel, dont l’appareil photo dans le sac en bandoulière accroché au sac de rando. C’est possible, certain le font, mais personnellement je ne le tenterais pas.
Optimisation possible
Au fil de notre progression, je me suis posé la question de ce qu’aurais pu laisser à la maison. Après notre rencontre avec Julien, j’ai réalisé que j’avais peut-être pris trop de vêtements. Pour un peu moins de confort, j’aurais pu me passer de :
- 1 t-shirt
- 1 short
- 1 paire de chaussettes
- 1 caleçon
- 1 paire de gants
- 1 buff
- Les pansements
- La crème après-solaire
Au cumulé, c’est quelques centaines de grammes et un peu de volume. Je le saurai pour la prochaine fois. Plus de place et moins de poids, c’est la possibilité d’avoir des jours de nourriture en plus.
Les petits plaisirs
La taille de nos sacs a beaucoup fait parler pendant la rando, notamment le mini-sac d’Alex. Un homme responsable d’un camping lui a carrément dit que c’était le plus petit qu’il avait vu de tous les randonneurs passant par son campsite.
Quand on part avec peu, on a tendance à s’attacher à son matériel. On en prend plus soin. On emporte aussi des éléments pas nécessaires mais qui nous rassurent.
Le soir où nous avons rencontré Julien, nous avons également fait la connaissance d’un groupe de 3 jeunes femmes : Tamara, Tabea et Jasmin. Au cours d’un repas, Tamara nous a demandé quels étaient nos objets PLAISIRS, les choses extra qu’on a prises quand même car elles nous rassurent. Pour Alex, c’était son drapeau Breton sans hésiter, le « Gwenn ha du ». De mon côté, je pense que c’était mon bonnet. Après une longue journée de marche, un de mes instants préférés était d’enfiler mon couvre-chef pour me sentir bien au chaud. J’aurais très bien pu le remplacer par un buff (tour de cou), voire rien du tout puisque Alex ne portait rien sur la tête le soir, mais j’étais attaché au bonnet. C’est stupide oui, mais on se rattache à ce qu’on a.
Et le reste ?
Si c’était à refaire, je pourrais totalement reprendre le même équipement. Il convient parfaitement au type d’aventure que nous avons réalisé.
Au niveau de l’électronique, de l’alimentation/hydratation et de l’hygiène, je ferais exactement la même chose. Pour les vêtements, je tenterais d’en prendre moins d’après l’optimisation dont j’ai parlé au-dessus.
Variable possible
Pour le sac à dos, j’ai trouvé que le notre n’était pas suffisamment robuste. Il a tenu le choc, mais j’ai du recoudre une anse et j’ai quelques petits trous dans la toile. Alex a endommagé son sac au niveau des anses aussi ainsi que la poche élastique. Très léger, peut-être trop. La marque la plus populaire parmi tous les randonneurs chevronnés que nous avons croisé était Hyperlite. Aussi, dans un magasin spécialisé de Christchurch, je suis tombé sur les modèles de la marque Ultimate Direction qui m’ont semblé un tout petit peu plus lourds mais plus ergonomiques et robustes que les nôtres.
Un autre élément important que je changerai à l’avenir est le bivvy. Cette mini tente plus ou moins étanche est parfaite pour des courtes aventures sous un climat favorable. Je déconseille le bivvy sous la pluie. Même si je le considérais comme ma petite maison et que je dormais paisiblement à la nuit tombée, j’aurais aimé avoir plus d’espace. Faire son sac à l’intérieur le matin, manger à l’abri des sandflies, s’assoir, tout ça est impossible dans le bivvy. Sur un weekend, même 5 jours, c’est fabuleux, léger, suffisant. Sur 2 mois, c’est un peu limite. À la place, je tenterais de trouver une tente une personne très légère et autoportante si possible. À voir chez différentes marques comme MSR, ZPacks ou Hyperlite (attention, c’est cher). Je ne suis pas fan des tentes qui se montent avec les bâtons de rando, car ils deviennent indispensables.
Bilan
Pour terminer, je ne regrette pas du tout d’être parti avec le minimum vital. Je ne regrette pas non plus d’avoir investi pas mal d’argent dans du matériel. Pourtant, le jour où j’ai dépensé 1450 NZD (environ 800€) dans du matériel de camping, je m’étais dit que c’était complètement débile, croyez-moi.
Le mot de la fin : je recommande à tout le monde d’expérimenter la randonnée en autonomie sur plusieurs jours. Il n’est pas nécessaire de faire 2 mois, non, mais 5 jours me semble être une bonne durée. La raison est simple : quand on se balade avec tout l’essentiel, on se sent puissant, prêt à tout, invincible. Le retour à l’essentiel fait du bien au moral. N’avoir aucun impératif est reposant : il faut juste avancer, manger, boire et dormir. Ces simples actions rythment la vie. Se laver devient secondaire, le moindre carré d’herbe est un emplacement possible pour passer la nuit. Sah quel plaisir !
Si tu as des questions ou des remarques, n’hésite pas à laisser un commentaire !
Merci pour cet article Nono. J’ai prévu de m’attaquer au GR20 avec mon meilleur ami en 2025, t’es conseils seront précieux pour la préparation de mon sac!