MARATHON DE WELLINGTON 2023
La médaille en chocolat
Après Valencia, je m’étais juré de ne plus refaire de marathon sur route pendant un bon moment. Mais l’excitation ressentie pendant les courses a commencé à me manquer. Ainsi, 10 semaines avant l’échéance, je me suis inscrit pour le marathon de Wellington en Nouvelle-Zélande.
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Après celui de Valencia en décembre 2022, je me suis dit que le marathon c’était terminé pour moi. Je pensais réellement faire une pause pendant plusieurs années pour me focaliser sur le trail. J’avais mis beaucoup d’énergie dans la préparation et je pense que j’étais un peu cramé psychologiquement. On n’y pense pas toujours mais la prépa est au moins aussi éprouvante nerveusement que physiquement.
Pourquoi cette course ?
J’ai enchaîné un trail de 70km en janvier puis un autre de 55km, plus éprouvant, en février. La sensation de vitesse et l’euphorie des courses ont commencé à me manquer et je n’avais plus d’objectif à moyen terme. Juste après le Semi-marathon d’Hanoï, je me suis remémoré les souvenirs de Valence. La joie de travailler dur pour un objectif et de l’atteindre. La sensation de béatitude pendant la course. L’impression de courir sur l’eau en fin de course. Tout ça m’a motivé à m’inscrire à Wellington, malgré le fait d’être en voyage. Je parle de ma préparation chaotique dans cet article.
En m’inscrivant, j’ai remarqué qu’en faisant moins de 2h40, on pouvait prétendre au podium sur cet événement en fonction des années. Aussi, les 3 coureurs du podium reçoivent un petit chèque ou Prize Money allant de 300 NZD à 1000 NZD (170€ à 565€). Ça tombe bien : 2h40 est à ma portée avec une préparation sérieuse et le petit chèque m’intéresse !
Une préparation compliquée mais réussie
Avant de me lancer, je me suis concocté 2 variantes de plan d’entraînement en 10 semaines : un plan OPTIMAL de performance et un plan RÉALISTE tenant compte de mon voyage et de la logistique. L’idée initiale était de viser 2h36-37 : rapide mais moins que mon record. Au final, j’ai pu atteindre un volume compris entre ces 2 plans, encore mieux que le plan RÉALISTE. Chaque semaine, j’ai effectué entre 4 et 7 séances de course. J’ai placé les journées de récupération pendant mes jours de voyage/trajet. Ma plus grosse semaine a été réalisée à 3 semaines de l’échéance avec 133km en 11h30.
Je mets les 2 plans conçus et la réelle préparation effectuée juste en dessous pour les plus curieux. Pour ceux que ça intéresse, je peux vous aider à faire vos plans d’entrainement pour préparer des courses. Je l’ai fait pour des très bons amis avec des résultats plutôt satisfaisants !
La mise en page est simple :
- en bleu les jours de repos,
- en jaune les sorties longues,
- en rose les journées avec 2 entrainements,
- le petit numéro en bas de chaque séance est la distance.
Ma forme est remontée très vite et je me suis senti de mieux en mieux rapidement. Pour la première fois de ma vie, je n’ai presque pas eu de douleurs pendant ces 10 semaines. Les seules vraies douleurs persistantes ont été dans les tibias pendant mes 2 plus grosses semaines.
Comment expliquer une prépa sans douleurs ?
Définir un objectif légèrement trop ambitieux
J’ai commencé la prépa pour viser 2h36-37, puis je me suis rendu compte que je tenais bien des allures plus élevées. Sur ma plus grosse sortie longue, j’ai tenté et réussi à maintenir une allure autour de 3’32/km sur mes 4 blocs de 5km. Je me suis alors dit qu’il fallait être joueur et essayer de dérocher le sub 2h30 à Wellington.
Pour mettre toutes les chances de mon côté sans prendre le risque de perdre mes ongles de gros orteil comme en Espagne, je me suis équipé d’un nouvelle paire de chaussures à plaque carbone. Ce coup-ci, pas de Nike Alphafly mais des Saucony Endorphin Pro. Si je me débrouille bien, je peux amortir l’achat avec le Prize Money du podium !
Anecdote
J’ai vu sur le site de l’organisation qu’on était considéré athlète Élite Homme avec un chrono inférieur à 2h30. Avec mon record en 2h32, j’ai tenté ma chance et l’organisation m’a offert le dossard ! La consécration 👑
Les 2 gros facteurs d’échec
La ville de Wellington est connue en Nouvelle-Zélande pour être l’une des plus venteuses. La course ayant lieu au mois de Juin, le début de l’hiver, il y a de bonnes chances pour que le vent et la pluie soient de la partie. Je me suis préparé psychologiquement à avoir une mauvaise météo pour être prêt à encaisser.
La deuxième chose qu’il peut être difficile de contrôler pendant une course, c’est la résistance de son estomac. Les allures soutenues peuvent causer des gros maux de ventre et plomber une course. Evidemment, il faut tester son alimentation/hydratation à l’entrainement mais on n’est jamais à l’abri. Perso, je mange du riz blanc la veille, je vais le plus de fois possible aux WC le matin de la course et je prends un SMECTA sous forme de gel 15 minutes avant le départ. Ce n’est pas sexy comme sujet mais ça fait parti du sport ! Avec ce rituel : SO FAR, SO GOOD.
La course
Le départ de la course avait lieu à 7h15 avec un levé du jour autour de 7h45 à Wellington à cette période de l’année. Pour le sommeil, c’est toujours enquiquinant de partir tôt mais dans tous les cas, on ne dort pas beaucoup d’heures la veille d’une course qui compte pour nous. Je me suis levé à 5h30 et j’étais sur place à 6h15. J’aime avoir de la marge, pas de stress supplémentaire.
Je m’attendais à 3000 participants pour le marathon. Finalement, nous n’étions que 400 coureurs, 3000 étant le nombre toutes courses confondues : Marathon, Semi et 10km. Pour une CAPITALE, ça fait un peu mal au coeur de voir si peu de participants. Quand on sait que les gros marathons en Europe comme Paris arrivent à attirer jusqu’à 50 000 personnes. On va mettre ça sur la différence de population : France – 68 millions d’habitants vs. 5 millions d’habitants – Nouvelle-Zélande.
Objectif élevé
Je l’avais dit à qui veut l’entendre, JE VISAIS GROS sur cette course. Il y avait 2 objectifs : passer sous la barre des 2h30 ET atteindre mon premier podium sur un marathon. Après un rapide briefing, le départ est lancé à 7h13 pétante À MA GRANDE SURPRISE. J’étais occupé à discuter des allures avec le Japonais favori et je n’avais même pas chargé le GPS sur ma montre. Hé merci monsieur le speaker. Quand on répète 50 fois l’heure du départ, on essaie quand même de s’y tenir, hum.
PAN, top départ !
Avec mes ambitions, je me suis placé aux avants postes dès les premiers kilomètres de la course et nous sommes partis à 6 devant. Les 3-4 premiers sont partis autour de l’allure 3’30/km alors que souhaitais me maintenir autour de 3’33/km. Ça ne semble pas être une énorme différence mais chaque seconde à son importance sur 2h30 ! J’ai rapidement fait de le choix de ne pas m’emballer et de courir avec un autre gars qui partait sur 2h30 également. Au fond de moi, je me disais que ça allait exploser devant. LA COURSE COMMENCE AU 35ÈME KILOMÈTRE.
La course a lieu en bord de mer et sur les 10 premiers kilomètres nous longeons une baie. Le lever du jour est magnifique ce matin là. J’étais inquiet pour la météo et finalement nous avons énormément de chance, les conditions sont parfaites.
Un manque d’entrain
Malgré le décalage de GPS, je passe le Semi-marathon (à ma montre) en 1h14’51. NOM DE DIEU, j’ai 9 secondes d’avance sur le plan de course et je ne suis qu’à 21 secondes de mon RECORD au semi (à Londres en Janvier 2022). Je m’alimente tranquillement et je garde le rythme (gel Maurten au 6ème, 14ème et 21ème km). Jusqu’ici, tout va bien pour moi. C’est à ce moment que je vois mes camarades Alex et Baptiste rencontrés sur la route quelques jours auparavant et venus me soutenir. À part les bénévoles, les rues sont désertes dans Wellington. Au passage, on vous aime les bénévoles, réellement on vous aime et on sait à quel point c’est vous les vrais champions ! Du coup j’ai passé 2h30 à leur faire des signes de la main et des pouces en l’air. Avec un peu de recul, c’est l’ambiance la plus claquée au sol que j’ai vu sur une course. Même le trail de Morcourt en Picardie avait plus de spectateurs. Du coup ça me fait ultra plaisir d’avoir des encouragements.
Peu après après le km 25, je vois le 3ème de la course sortir des TOILETTES au moment où je passe à côté. Il semble assez mal en point. Au même instant, mon compagnon de route fait lui aussi un arrêt au stand. En quelques secondes, je suis passé de la 6ème à la 4ème position et la concurrence a été mise HORS JEU par leur estomac. Cet événement inopiné me motive instantanément.
La course se gagne après 35km…
Ce que j’aime le plus dans les courses, c’est les émotions qu’elles me procurent. Dans l’effort, je deviens un animal DÉTERMINÉ et j’aime cet état. Ce dernier arrive généralement dans les moments difficiles. Pendant ce marathon, je me dis qu’il faut rester lucide, à la bonne allure jusqu’au passage des 35km puis je compte sur l’euphorie pour me porter jusqu’à la ligne, si possible sous 2h30.
Malheureusement, je commence à être assoiffé dès le kilomètre 32. Je n’ai pas de douleurs musculaires comme à Valence, je me sens serein, j’ai juste méga soif. Je longe la baie en espérant un point de ravitaillement à chaque virage. Mon erreur, c’est d’avoir bu trop peu depuis le début. À chaque ravitaillement, j’ai pris la peine de boire et je m’arrêtais systématiquement pour marcher car les énormes gobelets en cartons ne sont pas pratiques pour boire à 17km/h. Je perdais facilement 3-4 secondes à chaque fois donc je me dépêchais quand même. Au final, je n’ai pas bu assez alors qu’il aurait fallu s’hydrater avec cette météo PARFAITE (pas de vent, 15 degrés Celsius et du soleil). Quand j’atteins la barre des 35km, je suis déjà sec. Je me frappe la tête, je me parle, je me frappe le torse mais l’état BESTIAL n’arrive pas.
…ou elle se perd
J’atteins le ravito vers le kilomètre 38, je bois 2 gobelets mais il est trop tard. Inexorablement, mon allure chute. Je passe les kilomètres 40 et 42 en 3’58 au lieu de 3’33. En seulement 5 kilomètres de 37, je perds 120 secondes : c’est 2 MINUTES ! Pourtant, je répète à tous mes amis coureurs de bien boire à chaque ravitaillement même si on n’a pas soif. C’est la base. Mais on est souvent plus fort pour donner des conseils que les appliquer.
Alors que j’étais bien parti pour jouer le sub 2h30 ou au minimum le record de mon ami Elliot (2h31’36), je perds beaucoup trop de temps sur les 5 derniers kilomètres. Je fais mon maximum pour résister et je lâche même un très joli sprint de 150m jusqu’à la ligne d’arrivée pour impressionner les spectateurs dont mes compatriotes Alex, Baptiste et Émile. Temps final : 2h33’26 ! Le 3ème termine en 2h30’50 à 2 minutes 36 secondes de moi.
D’ailleurs, le 3ème a fait toute la course avec une gourde à la main. Alors maintenant : porter 500g sur 40 bornes et pouvoir s’hydrater convenablement ou partir léger et boire trop peu ? Quelle est la pire chose, je ne suis toujours pas capable de trancher.
Bilan
En passant la ligne d’arrivée de ce Marathon de Wellington, j’ai un sentiment partagé. Je n’ai pas pris énormément de plaisir car l’euphorie n’est jamais venue. J’ai passé mon temps à espérer que les mecs devant moi explosent.
D’un côté, je suis très satisfait d’avoir tenu ce rythme malgré une courte préparation de 10 semaines (optimal 12 à 16 semaines) pendant un voyage. Je ne pensais pas recourir à 3’36 de si tôt et c’est un bel accomplissement. J’avais annoncé des hautes ambitions et le résultat est loin d’être risible.
De l’autre côté, je ne réalise pas le chrono rêvé et je prends la médaille en chocolat. C’est très frustrant de perdre dans les 5 derniers kilomètres alors que je voyais la fin de course comme ma force : LE MENTAL !
Le côté encourageant, c’est que je suis toujours rapide sur la route. Mon objectif annuel étant le trail et plus particulièrement le 100km de Taupo réputé rapide dans 16 semaines, je pars avec une excellente base. Je n’ai pas eu de douleurs musculaires et je suppose que le dénivelé que j’ai fait ces dernières semaines y est pour quelque chose.
L’organisation, si vous tombez sur cet article, merci pour le dossard. Au passage, je remercie BIG TIME mes compères Français venus m’encourager tôt le matin. La course à pied est un sport d’équipe ! Le sub 2h30, je l’aurai un jour, je l’aurai !
Si l’envie vous prend d’y participer vous aussi, je vous mets le lien vers le site de l’organisation.
Si tu as des questions ou des remarques, n’hésite pas à laisser un commentaire !