TAY HO HALF-MARATHON 2023
advienne que pourra
Quand je me rends sur une course, c’est toujours pour faire mieux que la fois précédente et tenter de battre mon record. Cette fois-ci, mon objectif est juste d’obtenir le meilleur résultat possible avec ma forme actuelle. Voici le récit de ma course Tay Ho Half-marathon, après 2 mois sans entrainement spécifique.
Temps de lecture estimé : 7 minutes
Mon dernier semi-marathon remonte à Janvier 2022. A Battersea Park dans Londres, j’avais réalisé mon record sur la distance en 1h14’30, moyenne de 3’33/km. Suite à ça, j’ai enchaîné sur le marathon de Paris 2022, 4 courses de 10km, le marathon de Valencia 2022, un trail de 70km en janvier 2023 et un trail de 58km en février.
Très grosse coupure
Après ce dernier trail, j’ai réalisé une coupure sportive pour profiter au mieux de mon voyage en Asie du Sud-Est. Autre paramètre, je me suis rendu dans le nord de la Thaïlande et du Laos durant la « burning season » et je n’ai pas voulu courir en extérieur dans cette pollution extrême.
Il s’est passé 7 semaines entre le Amazean Jungle Trail le 18 février 2023 et le Tay Ho Half-marathon ce 9 avril 2023. En tout, je n’ai couru que 8 fois avec seulement 2 sorties rapides sur ces 7 semaines. À titre de comparaison, je courais 10 fois par semaine pendant mon séjour de 4 semaines au Kenya.
Sur l’application sportive Strava, on peut suivre sa courbe de forme (version premium), estimée à partir de la fréquence cardiaque pendant les activités. Je n’ai pas de cardio fréquencemètre à la poitrine, seulement au poignet, donc cette valeur est à prendre avec des pincettes. Cependant, d’après mes résultats en course, la courbe reste un bon indicateur de mon état de forme. On peut voir que je suis retombé à mon niveau de juillet 2022 quand j’avais fait une coupure en quittant Londres. Ça fait mal au coeur.
Pourquoi le Tay Ho Half-Marathon ?
À la base, j’avais pour ambition de faire le semi-marathon de Hué au Vietnam le 16 avril 2023. La raison est très simple : il y a de l’argent à gagner si on arrive à terminer sur le podium. Comme je ne travaille plus depuis 8 mois maintenant, un petit billet me ferait bien plaisir.
En 2022, le 3ème de cette course à Hué avait fait 1h12’41, ce qui est jouable pour moi avec un entraînement sérieux. Malheureusement, je m’y suis pris trop tard et les inscriptions étaient clôturées quand j’ai voulu m’inscrire. Comme je m’étais mis en tête de courir un semi au Vietnam dans tous les cas, je me suis rabattu sur celui de Hanoï.
Quel objectif viser ?
Sans entrainement spécifique, c’est difficile d’estimer quelle allure on est capable de tenir pendant 21,1 km. Partir trop vite pour abandonner à la mi-course ou être conservateur et avoir des regrets en fin de course, le curseur n’est pas évident à placer. Comme j’aime bien viser des valeurs rondes, j’ai pensé que 1h20 pouvait être un objectif ambitieux mais atteignable. L’allure moyenne à tenir est de 3’47/km, c’est 10 secondes plus lent que pendant mon meilleur marathon.
Pour confirmer que c’était jouable, je suis allé courir le dimanche à J-7 sur le parcours de la course, dans Hanoï. J’ai réalisé un fractionné en pyramide avec 500m de récupération entre chaque répétition : 1000-2000-3000-2000-1000m soit 9km de volume à l’allure cible. En chaussure de trail et en évitant les scooters, ça ne m’a pas vraiment rassuré. J’étais déjà asphyxié sur le bloc de 3km. Etant joueur, j’ai conservé l’objectif quand même. Par expérience, je sais qu’on est capable de se transcender pendant les courses. En plus de ça, d’après les résultats de l’édition précédente, je peux également viser le podium si je passe sous les 1h20. Je compte clairement sur ma force mentale pour compenser mes limites physiques.
Pour être sûr de ne pas changer d’avis au dernier moment, je prends bien soin de dire à mes nouveaux amis voyageurs que je vais courir ce semi-marathon et que j’ai pour objectif 1h20. Ainsi, mon énorme égo ne peut plus faire marche arrière. Je dois confirmer au risque de passer pour un gros blaireau. C’est une source de motivation comme une autre.
Le matin de la course
Le départ de la course est prévu le dimanche matin à 5h du matin. Oui, 5h du matin. Le seul avantage, c’est que ça permet d’éviter 2 ennemis des coureurs : le trafic routier et la chaleur. Malheureusement, ça limite aussi grandement la durée de la nuit.
Après m’être levé à 3h40 avec moins de 5h de sommeil, j’arrive sur place 30 minutes avant le depart. Je mange 2 bananes, un verre d’eau, une pause pipi, 3 accélérations et me voilà prêt. Je me place directement à l’avant du groupe en attendant le départ.
Top départ, avec le groupe de tête
PAN ! Le départ est lancé. Sur les 500 premiers mètres, j’ai l’impression que le groupe de tête avance à 3’45/km. C’est plutôt lent pour une tête de course, et c’est ma cible. Tout le monde se regarde. Je me dis que je vais pouvoir jouer la gagne carrément. Ok Nono, tu t’emballes déjà. Après le premier kilomètre, un groupe de 3 se détache, je leur emboite le pas.
Petit problème, le GPS de ma montre Garmin n’est pas chargé, cela veut dire que les données ne sont pas exactes. Je passe les 2 premiers kilomètres à une allure de 3’32, c’est bien trop rapide pour ma forme actuelle mais je me sens bien. Je ne sais pas s’il vaut mieux se fier à la montre ou aux sensations. La route est encore longue. Le troisième et le quatrième kilomètre passent en 3’36 et 3’29. Pour éviter de courir à la catastrophe (sans mauvais jeu de mots), je décide de ralentir un peu et je laisse le podium partir devant. C’est à ce moment que mon GPS se charge. Bonne nouvelle, je vais pouvoir me fier à la montre à partir de maintenant.
À partir du 7ème, je commence à ressentir une douleur dans le bas de mes 2 mollets. Je suis très surpris, je pensais que le cardio serait mon facteur limitant. J’étais convaincu que mes gros mollets ne poseraient pas de problème. Au cas où, j’avais même prévu en enfilant mes manchons de compression. Je ne suis qu’au tiers de course : ça pue.
Le manque d’entrainement se fait sentir
Je cours seul entre 5 et 9km et je me fais rejoindre par le 5ème à un ravitaillement. J’ai une bouteille d’eau en main, je lui propose une gorgée pour être sympa mais il refuse. Il a l’air méga concentré. Il se colle derrière mois pour s’abriter du vent. J’ai horreur de ça et je n’ai pas envie de faire tout le travail pour lui. Il est tellement proche de moi qu’il touche par 2 fois mes semelles. Énervé, je me décale et lui fais un grand signe de la main l’air de dire : « Double-moi, bon sang ! ». Rien n’y fait, il reste silencieux et me colle aux basques.
A 12,5km, il me double enfin. Je fais comme lui et me glisse dans sa foulée jusqu’au 14ème mais il accélère légèrement et je commence à peiner. Il reste encore 7 bornes, je suis maintenant en 5ème position, c’est très honnête. Il ne faut pas exploser en plein vol. Je passe de l’allure 3’45 à 4’05/km. Entre 14 et 17km, je me fais doubler par 3 autres Vietnamiens. Mon égo en prend un coup : je me peux pas me laisser déposer comme ça. Je suis maintenant en 8ème position.
J’ai encore ces 3 concurrents en visu au 19ème kilomètre. J’estime le 5ème à 800m de moi, le 6ème à 600m et le 7ème à 500m seulement. Il me reste 2 bornes, il faut tenter quelque chose. D’ailleurs, je me sens beaucoup mieux après avoir fait les 5 derniers kilomètres à 4’05 d’allure. J’accélère un bon coup et je me rapproche assez vite. Le 7ème a l’air d’être un peu en détresse. Je dois me le faire, je vais me le faire. Je me répète : « T’es grand Nono, tu vas le faire ! C’est maintenant mon pote ! »
Une arrivée en grandes pompes
A 500m de la ligne, j’ai 2 objectifs : coiffer au poteau le mec devant moi et terminer la course sous les 1h20. Je vois les secondes défiler sous l’arche d’arrivée et mon adversaire se rapprocher. Je lance mon meilleur sprint à la Floria Gueï.
1h19’51-52-53…. Je sers les dents et les fesses : « AHHHHHHHH » 1h19’54-55-56…. EEEEEEEET TOOOOOP ! Temps officiel : 1h19’57.
Pour 3 petites secondes, le gars devant moi me bat. Pour 3 petites secondes, je passe tout de même sous les 1h20 comme voulu. Ce n’était pourtant pas acquis à la mi-course. J’ai réussi à reprendre 450m à mon adversaire en seulement 2000m. Après un marathon de Valencia en 2h32’00 tout pile, avec une allure maitrisée à la perfection en compagnie de mon compère Elliot, je réitère dans un tout autre style. J’ai couru à toutes les allures sur ce Tay Ho half-marathon à Hanoï, mais le résultat est là.
Bilan
Courir sans entraînement est frustrant. On sait qu’on peut mieux faire, mais pas aujourd’hui. Pour l’égo et l’esprit de compétition, ça fait mal.
Dans tous les cas, je suis très satisfait de cette course. Je me classe 8ème sur 1950 participants et je passe tout juste sous les 1h20 comme voulu.
L’objectif maintenant, c’est de me préparer au mieux pour l’Ultra marathon de Taupo en Nouvelle-Zélande. Dans 6 mois, le 14 octobre 2023, je veux être le meilleur possible pour parcourir les 100km et 3500m de dénivelé positif.
Le mot de la fin
Je vois régulièrement passer des vidéos sur YouTube du type : « j’ai couru un marathon sans entraînement ! »
D’après moi, c’est stupide. Dans mon cas, c’est différent. Je n’étais pas suffisamment entraîné certes, mais j’ai quand même une bonne condition physique et une expérience en course à pied. Le meilleur moyen de prendre du plaisir en courant selon moi, c’est d’avoir un objectif en tête, de réaliser une bonne préparation sur plusieurs semaines et de concrétiser le jour-J. Courir sans entraînement, c’est le meilleur moyen de se dégoûter de ce sport magnifique.
Sur ces sages paroles, je vous souhaite à tous un bon entrainement !
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